jeudi 27 octobre 2016

Donner les pieds

Nous nous attendons qu'un cheval donne ses pieds facilement, que ce soit pour les curer, faire des soins, ou pour parer ou ferrer.

Cependant, on observe que certains chevaux pèsent de tout leur poids sur le pied que l'on veut soulever. Ou que quand le pied est en main, ils cherchent à le reprendre. Dans certains cas, un cheval peut même taper avec le pied ou mordre. Non seulement c'est un problème quotidien pour le cavalier, mais s'en est aussi un pour le maréchal-ferrant ou pour le podologue équin.

En cas de résistance pour donner les pieds, on a tendance à vouloir le soulever malgré tout, et ainsi on s'oppose au cheval. Plus on va forcer, et plus il va résister. Si on considère le poids et la force du cheval, c'est un combat que l'on peut facilement perdre.

Pour éviter ceci, il ne faut pas chercher à lever son pied, mais faire en sorte qu'il prenne la décision de lever son pied. Il doit lever son pied de son propre chef, sans s'appuyer sur nous, en s'équilibrant sur les trois autres pieds.

Un cheval qui n'est pas attaché sera plus à l'aise pour lever son pied car il pourra se déplacer légèrement pour se rééquilibrer si nécessaire. Il suffit de le tenir en licol avec la longe dans le creux du bras.

Pour demander, passer la main sur le canon en frottant du haut vers le bas, et appuyez légèrement en fin de parcours, quand la main arrive sur le boulet. Appuyez vers l'avant et non vers le haut. Le mouvement naturel du cheval est d'aller vers l'avant et pour que le pied aille vers l'avant, il doit en premier se soulever.



Dès que le cheval lève le pied, attrapez-le par la pointe du sabot.


Tenez alors quelques instants et relâchez doucement le pied quand vous sentez que le cheval ne s'appuie pas sur vous. Ceci l'encourage à se prendre en charge et à tenir le pied en l'air le plus possible par lui-même. Au début, ne tenez que peu de temps, et augmentez ce temps peu à peu. Si vous pensez que le cheval va vouloir reposer son pied, reposez le pied avant. Ne vous mettez pas dans une situation où vous chercheriez à retenir son pied alors que lui veut le poser.

Cependant, si le cheval bouge son pied alors que vous le tenez, ne cherchez pas à le maintenir en un endroit précis, mais accompagnez le mouvement du pied de votre main sans opposer de résistance. Au bout d'un moment, le cheval arrêtera de bouger son pied.

Si en demandant le pied, votre cheval veut repositionner ses pieds et changer le positionnement de son poids pour mieux s'équilibrer, laissez-lui le temps de le faire. Vous pouvez aussi l'aider à le faire ; par exemple, si vous allez lever un antérieur, demander au préalable un pas de reculer lui permet de reporter son poids vers l'arrière et va l'aider à prendre son équilibre.

Quand on a malgré nous appris au cheval a ne pas lever les pieds, il est malheureusement nécessaire de le rééduquer en créant un léger inconfort pour le motiver. Commencez en pinçant légèrement le tendon en bas du canon, de manière répétitive, et cessez dès qu'il lève. Cherchez l'emplacement et la sollicitation la plus efficace pour ce cheval.

En cas d'échec, il est possible d'augmenter aussitôt l'inconfort en utilisant le cure-pied, en titillant avec la pointe de celui-ci. La pointe d'un cure-pied est légèrement arrondie et ne blessera pas le cheval. Vous pouvez essayer de stimuler au même endroit ou sous le boulet.



Certains chevaux sont aussi susceptibles d'être sensibles au fait de pincer les châtaignes.
 
Il y a une progression à respecter à chaque demande : frottez, puis pincez, puis utilisez le cure-pied. A chaque demande, commencez par la première étape, puis passez aux étapes suivantes sans attendre en cas d'insuccès. N'attendez pas entre chaque étape, car cela récompense le cheval de ne pas avoir levé le pied. Ne démarrez pas par le cure-pied, car le cheval doit avoir une chance de lever le pied avec une demande la plus légère possible.

Pour les postérieures, si vous n'êtes pas sûr des réactions du cheval, en particulier pour un jeune, utilisez sur le côté gauche votre main droite, et posez votre main gauche sur le cheval. Si le cheval panique et veut taper, vous pouvez facilement pousser avec votre main gauche sur le cheval pour vous repositionner dans une zone plus à distance.

Pour habituer le cheval à céder à la pression sur un pied en toute sécurité, vous pouvez utiliser une longe passée sous le boulet, et demander au cheval de lever le pied en tirant sur les deux extrémités.



Vous ne levez pas les pieds de votre cheval, mais vous lui demandez de les lever pour vous.  Éduquer le jeune cheval à bien donner ses pieds est important pour toute son existence. Il est aussi toujours souhaitable d'aider un cheval plus âgé qui aurait développé des résistances.


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lundi 24 octobre 2016

Tondre

Quand il est nécessaire de tondre, certains chevaux ne sont pas à l'aise et cherchent à se soustraire. Cela rend la tonte pénible et aussi potentiellement dangereuse.

Le moment de la tonte arrive...

Pour atteindre malgré tout le résultat souhaité malgré les réactions du cheval, il existe plusieurs techniques de contention, l'usage de calmants, le tord-nez, etc.. Ces moyens ne visent qu'à forcer le cheval à se faire tondre et ils ne résolvent pas le problème de fond.

Si le cheval n'aime pas la tondeuse, c'est simplement qu'il a peur. Une tondeuse est inoffensive et indolore, mais le cheval qui ne le sait pas peut avoir peur. Son instinct de survie s'active et il cherche à s'échapper. S'il ne le peut pas, il pourra combattre: se cabrer, frapper des antérieurs... Forcer le cheval à subir la tonte ne le guérit pas forcément de sa peur, et même, cela peut lui confirmer que cette peur est justifiée.

Si vous préparez le cheval à la tonte, et qu'il apprend à accepter la tondeuse car il aura compris que ce n'est pas une menace, alors la tonte se passera sans difficulté, et ceci pour toute sa vie.

Pour ceci, préparez le avant qu'il soit nécessaire de tondre. Mettez-lui un licol corde avec une longe d'environ trois ou quatre mètres. Allez dans un rond de longe ou un petit enclos, surtout pas dans un box où il se sentirait piégé.

Tenez le cheval en longe d'une main avec la tondeuse de l'autre main. Vous devez pouvoir allumer et éteindre la tondeuse avec un doigt. Si vous n'avez pas de tondeuse à vous, vous pouvez utiliser un appareil qui vibre comme une brosse à dents électrique.

Il sera plus en confiance s'il n'est pas confiné

Au départ, tenez-vous à environ trois mètres du cheval, puis allumez la tondeuse. Le cheval aura peut-être peur mais comme la "menace" est à trois mètres, il ne devrait pas paniquer et s'il bouge, vous restez en sécurité. S'il bouge un peu, essayez d'accompagner son mouvement calmement. S'il est plus agité, vous pouvez le cercler autour de vous. S'il peut réagir et bouger ses pieds sans se soustraire à la tondeuse, assez rapidement, il va revenir à plus de calme. Dès que vous constatez un mieux, c'est à ce moment qu'il faut couper la tondeuse. Ainsi, le cheval sera récompensé du fait qu'il soit devenu plus serein. Si au contraire vous aviez coupé la tondeuse au pic de son agitation, il aurait été récompensé de s'être agité. Laissez-lui quelques instants jusqu'à ce qu'il soit totalement calme et recommencez la même procédure. En réitérant ainsi, le cheval va arriver à s'immobiliser avec la tondeuse en fonctionnement. Arrêtez et félicitez votre cheval.

Arrivé à ce stade, il devrait rapidement décider de rester immobile quand vous allumez la tondeuse. Restez quelques secondes avec la tondeuse en fonctionnement. Vous pouvez alors jouer à augmenter peu à peu le temps de fonctionnement de la tondeuse en conservant le cheval immobile.

Une fois que le cheval peut rester calme et immobile avec la tondeuse allumée plusieurs minutes, c'est le moment de réduire votre distance au cheval progressivement en prenant la longe plus prêt de lui. Si vous partez de 3 mètres, vous allez vous rapprocher en trois ou quatre étapes.

Enfin, le moment arrive où vous pouvez toucher le cheval avec la tondeuse. Au début, posez la tondeuse sans chercher à tondre. Posez-la vers le garrot ou sur l'encolure. Si le cheval bouge, maintenez la tondeuse en contact et attendez que le cheval se calme pour l'éteindre. Comme dans le travail d'approche, vous devez toujours récompenser le moment où le cheval arrive à contrôler sa peur. Une fois le cheval confortable sur l'encolure et le garrot des deux côtés, il est temps d'explorer d'autres zones de son corps pour terminer par les plus sensibles, les pattes et la tête.

Pour cette préparation à la tonte, travaillez par petites séances de 10 à 15 minutes, en terminant toujours sur une note positive.

Une fois que le cheval est à l'aise et détendu avec la tondeuse sur l'ensemble de son corps, vous pourrez passer à la véritable tonte le jour où ce sera nécessaire. Le cheval et vous-même serez alors en confiance pour ce moment.



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mardi 18 octobre 2016

Attrapez votre cheval

Si votre cheval est dans un pré et que vous devez l'attraper, vous souhaitez pouvoir le faire rapidement. Pour ceci le cheval doit souhaiter se laisser attraper car si au contraire il ne le désire pas, il peut assez facilement vous éviter.

Si vous pensez forcer le cheval, par exemple en le coinçant dans un coin et en lui mettant le licol le plus vite possible, alors le fait d'être attrapé sera une expérience désagréable et il trouvera rapidement le moyen de s'échapper. En procédant ainsi, l'humain s'approchant licol en main devient synonyme d'inconfort alors que s'éloigner permet de retrouver du confort. Dans ces conditions, le cheval ne peut que décider de s'échapper, et il n'est pas nécessaire d'évoquer une autre raison, comme le fait qu'il serait un paresseux cherchant à éviter le travail à venir. Si cette expérience est répétée, le cheval est involontairement dressé à éviter d'être attrapé, ce qui peut nous pousser à avoir une attitude de plus en plus offensive pour l'attraper, aggravant ainsi la situation. En y prenant pas garde, il peut devenir un expert en évitement ce qui va créer beaucoup de frustration.



Il est donc nécessaire que d'être attrapé soit pour lui à chaque fois une expérience positive. Avec le temps, il va être éduqué naturellement à rechercher l'humain et l'attraper deviendra facile.

Quand on approche du cheval, il faut réaliser que l'on rentre dans son espace personnel, sa "bulle". On crée alors une pression sur cette bulle, et selon notre position par rapport au cheval et à cette bulle, sa réaction sera différente. Les barrières du pré vont aussi avoir une influence. Si vous êtes derrière la bulle, le cheval avance. Si vous êtes devant, il peut stopper ou faire demi-tour. Entre les deux, vers l'arrière de son épaule, vous pouvez rechercher un point d'équilibre.

Il est plus facile d'expérimenter comment le cheval peut réagir à notre approche et à notre position dans un petit espace comme un rond de longe ("round pen").

A défaut de rond de longe, vous pouvez utiliser un petit pré ou un petit manège, en positionnant de gros objets dans les coins pour éviter que le cheval ne se "bloque" dans un des coins.

Dans cet espace, jouez avec le cheval et essayez de l'accélérer, de le ralentir, de le stopper, de le faire tourner pour qu'il tourne dans l'autre sens. Si quand vous vous positionnez en avant de la bulle vous arrivez à le stopper et qu'il tourne la tête vers vous, vous pouvez reculer de quelques pas. En reculant, vous diminuez la pression ce qui le récompense de s'être arrêté et de vous regarder. Cela peut aussi l'inciter à faire quelques pas vers vous. En jouant ainsi, vous pouvez voir comment lui rendre confortable le fait d'aller vers vous et lui montrer que son alternative moins plaisante est de travailler en tournant en rond d'un côté puis de l'autre. Sans rien forcer, il va comprendre qu'il suffit de s'approcher de vous. Une fois arrêté et quand il est prêt, vous pouvez vous approcher et le caresser et le grattouiller sur l'encolure ou le garrot, puis de l'autre côté de l'encolure en passant le bras au-dessus de celle-ci. Avec un jeune cheval ou un cheval sensible, vous pouvez essayer d'approcher de côté vers l'épaule sans le regarder dans les yeux. Levez la main qui va caresser avant de s'approcher et commencez par caresser avec le dos de la main.

Une fois que vous êtes près du cheval à le caresser, inutile de se précipiter pour mettre le licol. Prenez tout le temps nécessaire pour que chacun soit détendu. Si vous êtes sur la gauche du cheval, commencez à mettre le licol en glissant la narine droite du cheval en premier. Si le cheval est sensible, et qu'il réagit quand le licol touche ses vibrisses, alors il tournera la tête vers vous en procédant ainsi. Alors que si le contact se fait sur la gauche, cela va lui faire détourner la tête ce qui peut l'inciter à s'écarter.

Pour un cheval qui dans son pré a appris à s'échapper, vous pouvez avec quelques amis jouer ensemble à le rééduquer. Chaque ami prend une longe ou un drapeau et vous, vous prenez le licol. Dans le pré, seul vous aurez pour rôle d'attraper le cheval. Chacun doit observer le comportement du cheval. S'il s'approche de vous, personne ne fait rien. Mais s'il ne bouge pas ou s'il s'éloigne de vous, un ami (ou plusieurs) doit se positionner et faire tourner sa longe en main pour faire travailler le cheval, si possible en s'arrangeant pour qu'il s'approche de vous. Dès que c'est le cas, l'ami doit aussitôt cesser d'agir, puis il peut reculer de quelques pas.  Également, quand le cheval s'approche, reculez lentement, en allant moins vite que lui, si bien que la distance entre vous se réduit peu à peu. Par répétition et en étant cohérent dans ces actions, le cheval ne manquera pas de remarquer que s'approcher de vous permet de faire cesser toute pression et qu'être à vos côtés est confortable. Bientôt, c'est le cheval qui va vous attraper.



Quand on ramène le cheval dans le pré, cela doit aussi être un moment de calme et de confort. En aucun cas, le cheval ne doit s'échapper du licol défait par la force et sans respect. Dès que le licol est défait, tenez-le fermement quelques secondes et finissez de le retirer que quand le cheval est calme et attend patiemment d'être libéré.

Il suffit d'un peu de temps pour éduquer le cheval à être attrapé et relâché dans le calme, le confort et le respect mutuel. La qualité d'une relation avec le cheval se joue aussi dans les actes les plus simples du quotidien.  

 

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mardi 11 octobre 2016

Légèreté

Les gens évoquent souvent la légèreté dans l'équitation mais chacun peut avoir sa propre idée sur le sujet. Un cavalier qui monte habituellement avec trois kilos dans chaque main trouvera de la légèreté s'il n'a plus qu'un kilo de pression alors que pour un autre cavalier, 100 grammes de pression sembleront être trop pour parler de légèreté.

Pour qu'un cheval soit léger, il doit être réceptif aux aides les plus légères. Quel objectif peut-on ici se fixer? Jusqu'à quel niveau de légèreté est-il possible d'arriver?

Certains pensent que comme le cheval est un animal imposant, il est nécessaire d'exercer une certaine force dans l'usage des aides pour qu'elles soient bien perçues par le cheval et qu'il puisse y répondre. En réalité, la sensibilité du cheval est naturellement très élevée : il peut sentir une mouche de quelques milligrammes se poser sur lui et bouger avec précision le muscle peaucier qui la chassera. Le cheval peut donc répondre à des aides infimes.

Le cheval peut répondre au seul poids des rênes drapées sur un doigt.

Le cheval peut répondre à un infime changement d'assiette où juste quelques grammes se reportent d'un côté à l'autre.

Le cheval peut détecter le moindre changement dans nos jambes, que ce soit un changement de pression ou un changement de position de quelques centimètres.

Ceci est possible mais demande une parfaite compréhension et une totale acceptation.

Le seul poids de la longe suffit à obtenir une flexion


Il est important de réaliser à quel point un cheval peut être léger, car cela nous permet de savoir quel résultat il est possible de rechercher.

Dans l'éducation d'un cheval il est nécessaire parfois d'exagérer nos aides pour être compris. La pression est donc nécessaire ponctuellement, et il est même parfois nécessaire d'être ferme. Cependant, il faut dès le départ être animé d'un souci constant de rechercher progressivement l'allégement des aides à chaque demande. Toujours essayer d'en faire moins pour aller vers plus de légèreté au fur et à mesure que la compréhension s'installe.

Cette recherche de la légèreté peut atteindre un tel point qu'on a plus l'impression d'exercer une quelconque pression ; c'est alors comme si le cheval répondait à nos pensées.


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