vendredi 16 novembre 2018

Le cheval « dangereux »

Quand le cheval a un comportement dangereux, qu'il se lève, se cabre, embarque ou bouscule, alors il faut comprendre pourquoi il agit ainsi.

Trop souvent la personne va prêter au cheval des motivations qui seraient celles que pourrait avoir un autre être humain : le cheval se moque de nous, il « fait du cinéma », il simule pour nous tromper... Souvent les motivations évoquées sont en relation avec l'ego de la personne. Elles conduisent alors toutes à la même conclusion : il faut montrer au cheval qui est le Chef, le « dominant ». Il s'ensuit un usage de fermeté excessive, de force, de punitions, ou même de violence.

Mais un cheval est un cheval et doit être considéré comme un cheval. Ses motivations ne sont pas celles d'un être humain. Si un cheval réagit dangereusement, c'est qu'il veut se protéger. Le cheval veut le confort et la sécurité. Face à l'inconfort et à une menace, il réagira pour retrouver le confort et la sécurité. Plus l'inconfort est grand ou plus la menace est perçue comme importante, alors plus la réaction sera forte. La réaction sera celle qui dans le passé a permis au cheval de retrouver confort et sécurité dans une situation similaire.



C'est l'instinct de survie du cheval. Il ne cherche qu'à se préserver. Nous devons reconnaître cet instinct dans le cheval. C'est ce qui nous permettra d'avoir la bonne attitude pour l'aider. Si on est « dans son camp » et que l'on guide et que l'on aide le cheval pour qu'il retrouve le confort et la sécurité, alors il développera sa confiance en nous. Avec cette confiance, il pourra prendre confiance en son environnement et en lui.

Si on ne reconnaît pas cet instinct de survie alors le cheval pensera qu'il ne peut compter que sur lui-même. Nous pouvons même nous retrouver dans une situation où nous sommes un obstacle entre lui et sa sécurité. C'est là que le cheval peut constituer une grave menace pour notre propre sécurité.

Si le cheval n'a pas confiance en nous et qu'il pense que sa sécurité est en cause, alors il fuira sans considération pour nous. Si on est au sol, il pourra nous piétiner. Si on le monte, il pourra embarquer sans écouter nos aides et sans se préoccuper des conséquences pour nous.

Si la fuite n'est pas possible ou suffisante, il pourra se cabrer ou ruer. Si on monte, la chute est probable, et dans un cabré, le cheval peut même se retourner sur nous. Si on est au sol, on peut être blessé par un coup de sabot. Ce n'est pas que le cheval nous attaque, il ne fait que se défendre, mais même si son action dangereuse n'est pas dirigée contre nous, ce n'en est pas moins dangereux.



Quand le cheval a ce type de comportement, il peut parvenir, d'une manière ou d'une autre, à retrouver du confort et de la sécurité. Dans ce cas, il apprend à reproduire le comportement dangereux.

Par exemple, un cheval qui a des dents de loup peut souffrir quand on utilise les rênes et que le mors entre en contact avec ces dents. S'il se cabre et que l'on tombe, il retrouve le confort, puisqu'on a lâché les rênes. Le cheval apprend que se cabrer permet d'échapper à une douleur dans sa bouche. Il suffit de quelques fois pour que cheval reproduise le comportement à chaque occasion similaire. Le cheval est devenu « dangereux » mais de son point de vue, il ne fait que faire ce qu'il doit faire pour se protéger, sur la base de son expérience.

Si on pense que le cheval qui a un comportement dangereux ne fait que se moquer de nous, alors au lieu de l'aider on cherchera à le « mater ». Alors que le cheval est déjà dans l'inconfort et dans l'insécurité, on n'augmentera par nos actions cet inconfort et cette insécurité. Peut-être qu'on peut combattre la peur par une plus grande peur, mais à quel prix? Quel sentiment peut alors avoir le cheval pour son cavalier ? Le risque est aussi fort que l'on ne fera que jeter de l'huile sur le feu, et qu'on poussera le cheval à une réaction encore plus extrême, réaction qu'il pourrait ensuite reproduire puisque nous lui avons appris.

Si au contraire on reconnaît l'instinct de survie du cheval et si on comprend comment cet instinct se manifeste, alors on aura une explication correcte expliquant son comportement. Grâce à ceci, on pourra déterminer comment réellement l'aider.

Si le cheval a appris à reproduire un comportement dangereux, il ne suffira pas d'offrir du confort. Il faudra aussi causer de l'inconfort quand il a le «mauvais» comportement. Il s'agit toujours de ce principe : rendre facile la bonne chose et rendre difficile la mauvaise chose. Pour rendre difficile la mauvaise chose, il peut être nécessaire d'être ferme avec le cheval, mais toujours, on offre aussi le confort autant que l'inconfort, et on lui laisse le choix.

Il ne faut jamais punir mais créer la situation qui permet au cheval de faire le choix de changer son comportement.

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