dimanche 17 septembre 2017

Quand et comment aider le cheval ?

Si le cheval répond bien à notre demande, alors essayons de nous maintenir à l'écart pour ne pas le gêner. En le laissant libre au maximum, il effectuera la manœuvre souhaitée avec plus d'énergie et de franchise.

Bien sûr, les choses ne se passent pas toujours ainsi. Quand le cheval a besoin de soutien, nous devons agir. S'il fait quelque chose d'autre que ce que nous souhaitons, nous devons agir aussi.

Il est normal qu'un cheval ait parfois besoin d'aide. Tout comme il est normal qu'on corrige ce qu'il fait car ce n'est pas ce que nous souhaitons.

Quand et comment aider le cheval ?



Si nous aidons un cheval en permanence, ce n'est plus de l'aide : nous essayons de faire à sa place et de contrôler à l'excès le moindre mouvement.

De même, si nous corrigeons en permanence le cheval, comment peut-il apprendre à faire bien si on lui dit sans cesse qu'il fait faux?

Si on souhaite que le cheval apprenne à se prendre en charge, si on souhaite qu'il exprime sa personnalité avec brillant, alors on doit avoir pour objectif d'agir le moins souvent possible, tout en agissant à bon escient quand c'est nécessaire.

Pensez que si vous avec un travail à faire, ce serait pesant d'avoir quelqu'un qui guide la moindre de vos actions et qui corrige le moindre commencement d'erreur. Vous seriez ou agacé ou rapidement démotivé. Par contre si vous êtes libre de faire les choses comme bon vous semble mais que vous commencez à vous mettre dans le pétrin, alors vous accueillerez une aide extérieure avec reconnaissance.

Si nous sommes trop exigeants sur le résultat dans l'instant présent, alors nous sommes tentés de trop contrôler le cheval. Dans ce cas, nous faisons aussi en  permanence des micro-corrections discrètes visant à maintenir le cheval dans une «bonne position» ou dans le «bon mouvement». Peut-être est-il préférable de lui laisser plus d'autonomie quitte à le laisser se tromper. Sans doute le résultat immédiat semblera moins bon si le cheval se trompe, mais c'est une occasion pour lui d'apprendre et il sera motivé pour le faire.

En agissant moins, le cheval a plus de confort la majorité du temps. Alors quand vous agissez, il est plus réceptif car vos actions sont plus rares. Il est aussi motivé pour être à votre écoute afin de pouvoir retrouver le confort dont il bénéficiait.

Aider ou corriger moins souvent, mais plus clairement, sera plus efficace et plus agréable pour le cheval. Il apprendra aussi plus vite ainsi et sera plus à votre écoute.

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samedi 2 septembre 2017

A l'intérieur du cheval

Si votre objectif est que systématiquement le cheval réponde toujours de la manière attendue à vos demandes, alors vous n'attendez pas que votre cheval utilise son cerveau.

Vous demandez, il réagit, sans avoir de latitude, ni sur le fait de faire ou de ne pas faire, mais aussi, en ayant souvent peu d'autonomie sur la manière de faire. On ne demande pas au cheval de réfléchir, d'apprécier une situation, de faire preuve d'autonomie ou d'exercer un choix : il doit juste réagir d'une manière convenue  à une sollicitation. Et il doit le faire sans qu'on ait à se préoccuper de ses sentiments et de son état d'esprit.

La seule question est de savoir comment mettre en place le comportement attendu, et c'est l'objet du dressage des chevaux. La science s'est mise au service de cet objectif avec les principes d'apprentissage du béhaviorisme.

Aujourd'hui, le monde équestre connaît et utilise de plus en plus ces principes et ces concepts: conditionnement opérant ou pavlovien,  renforcements positifs et négatifs, stimuli appétitifs et aversifs, renforçateurs primaires et secondaires, «shaping», etc... Le seul débat semble être de savoir s'il faut utiliser plus le renforcement positif que le négatif ou inversement, ou de savoir équilibrer les deux.

Ces principes d'apprentissage sont démontrées par la science et ils sont efficaces en pratique. Il faut cependant en comprendre les limites et les implications.

Certains semblent penser que le cheval est trop limité pour apprendre autrement. Une véritable cognition serait l’apanage de l'homme qui lui est bien au-dessus du conditionnement.

La première chose et que l'homme apprend aussi par conditionnement. Dans notre voiture, le «bip-bip» insistant qui résonne quand on n'a pas mis notre ceinture de sécurité est un stimulus visant à nous conditionner. Et cela fonctionne, car nous avons tous appris à mettre notre ceinture sans y penser. Ce n'est qu'un exemple parmi de nombreux autres pour montrer que ces principes s'appliquent aussi à nous.

De manière évidente, nous ne sommes pas limités à ce type d'apprentissage. Nous pouvons aussi utiliser notre raisonnement, notre mémoire, apprendre au contact d'autres personnes, utiliser notre libre arbitre et décider en fonction de ce que nous souhaitons.

Alors, pourquoi les chevaux seraient limités aux principes d'apprentissage du béhaviorisme? Pourquoi, eux aussi, ne pourraient-ils pas réfléchir et faire des choix? Apprendre en explorant par eux-mêmes ou au contact des autres chevaux ?

A quoi pense un cheval?

Par principe, le béhaviorisme s'appuie sur des expériences où l'on mesure des comportements observables. On ignore volontairement les processus psychiques de l'animal, qui étant «internes», ne sont pas observables. C'est une démarche rigoureuse, mais ne pas faire de supposition sur les processus psychiques car on ne peut les observer, n'implique pas que ces derniers n'existent pas.

Avec les progrès scientifiques des neurosciences, on approfondit notre connaissance du cerveau et de son fonctionnement. Les appareils d'imagerie médicale modernes comme l'IRM ou la tomographie par émission de positrons (PET), permettent maintenant d'observer le fonctionnement du cerveau. Ceci ouvre la voie pour étudier les processus cognitifs des animaux. Déjà, on sait mettre en évidence que les animaux pensent et que leur cerveau présente des similarités avec le nôtre.

La science n'est pas immuable et progresse. Ce n'est pas par ce qu'aujourd'hui elle ne fait que commencer à étudier la cognition animale que l'on doit l'ignorer.

Si on peut utiliser le conditionnement avec nos chevaux, se limiter au behaviorisme au nom de la Science, c'est se limiter aux comportements du cheval, à ce qu'on observe «à sa surface».

Je souhaite que le cheval réponde à mes demandes, mais je souhaite aussi prendre en compte ce qui se passe en lui : ce qu'il pense, ce qu'il ressent. Il est important de le laisser explorer et réfléchir, de lui laisser une marge d'autonomie. Il peut répondre à nos demandes, non uniquement par conditionnement, mais aussi parce qu'il décide de le faire. Si nous pouvons lui apporter le confort et la sécurité, il sera motivé à le faire.

Plus on compte sur le conditionnement, moins le cheval utilise son cerveau. Il peut alors être capable de réagir correctement aux demandes apprises dans les conditions habituelles, mais il pourra se sentir dépourvu dans une situation inhabituelle, car il ne sait plus réfléchir. C'est pourquoi, parfois même les chevaux les mieux dressés peuvent «exploser» dans une situation nouvelle pour eux.

Plus un cheval utilise son cerveau, comme d'ailleurs il le fait naturellement à l'état sauvage pour assurer sa survie, plus il sera capable d'aborder un large éventail de situations avec confiance. Plus il sera aussi capable d'avoir une relation riche avec son cavalier. C'est un point à considérer dans l'éducation de nos chevaux.

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Quelques ouvrages pour aller plus loin:
Evidence-based horsemanship. Dr Stephen Peters & Martin Black, Ed. Wasteland Press.
Equus Lost? Francesco de Giorgio. Ed. Trafalgar Square Books.
Comment pensent les chevaux. Michel Antoine Leblanc, Ed. Belin.
Aussi
http://www.animalcognition.org/