mercredi 9 décembre 2020

Quelle opinion avez-vous de vous-même?

Une fois, un homme de cheval m'a dit que l'ego était le plus grand obstacle entre l'homme et le cheval. Cela m'a semblé être un simple rappel que l'humilité est une bonne qualité ; peut-être même ai-je cru que je devais sembler avoir une trop bonne opinion de moi-même.

Pourtant, ce conseil était donné avec sincérité et expérience car notre ego peut nous piéger de multiples manières.

Le cheval n'a pas d'ego

L'ego, c'est ce que nous pensons de nous-même, et en particulier le sentiment que nous avons de notre propre importance.

Quand on parle d'un problème d'ego, on pense avant tout que la personne a une estime disproportionnée d'elle-même. Dans le monde de l'équitation, cela correspond à une personne qui surestime ses capacités équestres.

Dans ces cas-là, il y a toujours un cheval pour nous démontrer que nos capacités ne sont pas aussi efficaces que l'on voudrait le croire, et aussi le faire croire à tous. Quand nous n'arrivons pas au résultat espéré avec le cheval, il est plus facile de mettre le cheval en cause que de se remettre en cause. Si cela ne fonctionne pas, on s'énerve et ensuite on reporte toute la faute sur le cheval. Il s'agit ensuite de démontrer à tous que le cheval n'a pas les capacités requises, ou même qu'il est vicieux, fainéant ou rétif. Inutile de dire qu'à partir de ce moment la relation avec le cheval sera vicié et que rien de bon ne pourra en sortir.

Beaucoup de personnes, une fois qu'elles acquièrent une première compétence équestre et qu'elles constatent qu'elles sont "meilleures" que les personnes de leur entourage, peuvent tomber dans le piège de surestimer leurs capacités. C'est tout à fait normal et humain. L'important est qu'une fois que le cheval nous confronte à nos limitations, nous ayons la capacité de prendre du recul et de comprendre le piège que nous a tendu notre ego. L'acceptation de nos limitations est la condition essentielle qui peut nous permettre de continuer à apprendre pour les repousser. Plus nous accumulons d'expérience et plus il est facile de relativiser nos capacités, et donc d'accepter les échecs comme des étapes normales de notre apprentissage. Alors, une fois que notre ego est mis de coté, on peut se concentrer sur le cheval et notre relation avec lui. S'il y a des difficultés, et il y en a toujours, on peut les aborder avec sérénité car on sait que le cheval n'est pas responsable de la situation et qu'il suffit de rechercher comment surmonter la difficulté.

Un autre problème avec l'ego, auquel on pense moins, est qu'une personne peut ne pas avoir un ego surdimensionné mais au contraire un ego sous-dimensionné. Autrement dit, la personne a une mauvaise opinion d'elle-même et sous-estime ses capacités. C'est souvent suite à des difficultés et des mauvaises expériences. 

Quand notre ego est trop faible et que nous nous déprécions, la confiance se perd et les relations avec le cheval en souffrent. Comment, dans ces conditions, espérer guider le cheval et lui apporter le soutien dont il a besoin? Alors, le comportement du cheval peut changer négativement et encore ajouter au sentiment d'incompétence et d'impuissance que nous ressentons. Cela peut alors devenir une spirale infernale. Alors, ce n'est plus le cheval que nous accusons de tous les maux, mais nous-mêmes. Si nous arrivons à penser alors que nous sommes trop "mauvais" pour réussir, il est facile de se laisser aller au découragement et de conforter l'image négative que nous avons de nous-même.

Que notre ego enfle comme un melon ou se dégonfle comme une baudruche, la relation avec le cheval sera détériorée. Quand on a des difficultés avec un cheval, il est nécessaire de prendre le temps de la réflexion et de se poser honnêtement la question du rôle que notre ego a pris dans la situation. Si on reconnaît l'existence du problème et sa cause, alors on pourra réfléchir aux changements que l'on doit opérer sur soi, quels que soient les efforts et le temps nécessaires.

 

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mardi 14 avril 2020

Le cheval lourd à la main

Beaucoup de cavaliers aimeraient que leur cheval soit plus léger à la main. Certains se plaignent même d'avoir des kilos dans chaque main et se demandent si un mors plus fort ne serait pas la solution.

Le cheval est par nature un animal sensible, mais il peut s'habituer à recevoir beaucoup de pression et à y devenir insensible. L'équitation est affaire de communication et un simple signal doit pouvoir être suffisant pour être compris, sans qu'aucune forme de force ne soit nécessaire.

Quand le cheval a été insensibilisé en étant monté avec trop de pression, il faut l'amener à de nouveau se mettre à l'écoute d'aides fines qu'il a appris à négliger.

Comment y arriver ? Voici quelques suggestions.

Dans la carrière, si vous doublez dans la largeur ou la longueur, vous pouvez repartir aussi bien à gauche ou à droite. Ou en extérieur, si le chemin bifurque, il est possible aussi de partir vers la gauche ou la droite. Le jeu est alors de choisir un côté et de laisser le cheval deviner vers où il doit aller. S'il trouve la bonne réponse, alors tout va bien et vous continuez votre chemin. S'il se trompe, stoppez, faite une volte et revenez où vous étiez  pour reproposer le même choix, et faites ceci jusqu'à ce que le cheval trouve la bonne réponse. Au début, le cheval peut se sentir désorienté de ne pas être dirigé comme d'habitude et comme laissé à lui-même. Mais il doit faire un choix et comprend vite que le mauvais choix l'amène à travailler davantage. Il va donc chercher à trouver la bonne réponse et sera plus attentif. Vous, au lieu d'être directif, vous allez essayer de l'aider,  en employant des aides légères. D'abord, suggérez avec l'assiette, puis avec les jambes et enfin avec les mains de la manière la plus légère qui soit. Le cheval va comprendre que vous cherchez à l'aider et deviendra attentif à ces aides légères qu'il aurait ignorées d'habitude. De votre côté, vous pouvez expérimenter comment utiliser votre assiette et vos jambes pour être mieux compris, tout comme vous pouvez jouer à affiner vos aides le plus possible.



Comme autre exercice, essayez de demander une serpentine, mais sans jamais tendre les rênes et toujours en privilégiant l'usage de l'assiette et des jambes. Le principe est le même : il faut essayer d'être compris en utilisant les aides les plus légères possible, en n'utilisant pas que les mains.

Quand le cheval peut être dirigé avec un usage minimal des mains, vous pouvez travailler à synchroniser les indications des mains avec les antérieurs du cheval. C'est quand un antérieur se lève que la main peut le diriger.

De nombreux cavaliers comptent trop sur leurs mains. Montez votre cheval avec tout votre corps, et vous pourrez alléger l'action de vos mains.

Les mains sont bien utiles, mais leurs actions doivent être variées, en force comme en position. Elles ne doivent pas tirer permanence ou rester statiques. Elles peuvent monter et descendre, aller sur le côté et revenir au centre, tourner avec les pouces allant vers le haut ou vers le bas. C'est un moyen de communication riche, mais c'est notre corps dans son entièreté qu'il faut utiliser.

Quand on tire, le cheval tire à son tour. C'est le réflexe d'opposition. Rapidement, le cheval s'appuie sur la main et ne sait plus s'équilibrer par lui-même. Plus il s'appuie, plus il s'insenbilise et alors il ne peut plus être dirigé par des aides légères.
Dans ce cas, il faut rééduquer le cheval à qui on a donné cette mauvaise habitude. Dès qu'il s'appuie sur la main, une action de mains vive vers le haut permet de le décourager, puis aussitôt, on ne met aucune tension pour lui offrir du confort. En appliquant ceci de manière systématique, le cheval apprend à ne plus peser sur la main et il se met alors à la recherche de son équilibre.

Enfin, il y a les transitions, en particulier les transitions descendantes, qui sont difficiles pour les chevaux lourds à la main.

Donnons ici l'exemple de l'arrêt. Commencez à travailler du pas. Quand vous voulez demander l'arrêt, utilisez exclusivement l'assiette. Pour ceci, expirez et asseyez-vous sur les poches arrières de votre pantalon en pensant que vous devez vous fondre dans la selle. Les jambes ne doivent exercer aucune pression sur les flancs. Si le cheval ne s'arrête pas, alors, avec les mains les paumes vers le sol, rapprochez progressivement le dessus de vos mains vers vos épaules, les coudes s'ecartant. Faites ceci sans tirer; vos biceps ne doivent pas entrer en action. Le cheval va finir par s'arrêter. Dès qu'il s'arrête, remettez vos mains en position neutre, sans aucune tension. Bientôt le cheval, va s'arrêter avec légèreté.

Tirez sur la bouche du cheval, et le cheval s'oppose, s'appuie, se déséquilibre en tombant sur l'avant-main. Quand il se déséquilibre, ainsi, on compense en tirant plus, et peu à peu le cheval devient lourd à la main, et rendant difficile les transitions descendantes . Si au contraire, vous utilisez les mains du bas vers le haut, sans tirer, ceci encourage le cheval à s'équilibrer en l'encourageant à alléger son avant-main. Son corps ainsi préparé, les transitions descendantes sont facilitées.

C'est un travail constant que d'alléger les aides. Le cheval a la sensibilité et l'intelligence pour arriver à tout faire avec des aides si légères, si discrètes, qu'elles sont invisibles pour un observateur. Le cavalier doit donc stimuler cette sensibilité et cette intelligence en permanence pour éduquer le cheval à répondre à des aides légères.  La légèreté d'un cheval est directement sous la responsabilité du cavalier.

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