vendredi 30 décembre 2016

Récompenser l'intention avant l'acte

Quand on demande quelque chose à notre cheval, on souhaite le récompenser dès qu'il fait ce que l'on souhaite. C'est ainsi qu'il apprend à répondre à nos demandes.

La récompense peut être directe, comme d'offrir une friandise ou de caresser le cheval. Il se peut aussi que la demande s'accompagne d'une pression ou d'un inconfort, et alors la récompense sera de cesser la pression et donc d'offrir du confort.  Le confort est une forte motivation pour le cheval et ce mode d'apprentissage est efficace et souvent employé.

Quelle que soit la forme de la récompense, on recommande de l'offrir dès que le cheval fournit la réponse attendue. L'objectif est que le cheval puisse associer son acte et la récompense correspondante.

Cependant, nous devons considérer qu'avant d'agir, le cheval décide d'agir. Alors que devons-nous récompenser en réalité? Le fait qu'il a fourni la réponse demandée ou le fait qu'il a décidé de le faire?

Si la récompense doit survenir le plus rapidement possible pour un meilleur apprentissage, alors récompensons sa bonne décision, sans attendre qu'il s'exécute.

Si nous demandons en utilisant une forme de pression, le fait de cesser la pression récompense le cheval dès qu'il prend la bonne décision, mais également cela lui permet de fournir la réponse sans être gêné par une demande qui est devenue inutile.

Autrement dit, quand le cheval a compris notre demande, qu'il a décidé d'y répondre de la manière attendue, alors le mieux est de se tenir à l'écart. Il pourra alors s'exprimer librement et sans contrainte, et il pourra y mettre plus de cœur. Il sera aussi plus réceptif pour recevoir la prochaine demande.

Pour ceci, devons-nous lire dans les pensées du cheval? Aucune magie dans tout cela, car avant de bouger ses pieds, le corps du cheval se prépare au mouvement. Ceci intervient dès que le cheval prend sa décision. Il suffit d'être attentif à ce changement dans son corps.

Récompensez le recul avant que le cheval ne recule

Si par exemple, vous demandez à un cheval de reculer, vous utilisez la pression de la rêne pour demander ce recul, et vous attendez. Dès que le cheval décide de reculer, il va commencer par reporter légèrement son poids vers l'arrière. Ensuite, il va bouger un antérieur et le postérieur opposé. Il suffit de relâcher la pression dans la rêne au moment où le report de poids est perceptible et ensuite vous le laissez bouger ses pieds.

Plus nous saurons récompenser la bonne décision du cheval avant même qu'il ne bouge ses pieds, et plus il sera motivé pour répondre à nos demandes.



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jeudi 22 décembre 2016

Confort et inconfort

Concernant l'éducation d'un cheval, on parle parfois du principe de confort/inconfort. Quand le cheval fait ce que l'on souhaite, on lui offre du confort et si au contraire il fait quelque chose que l'on ne souhaite pas, on lui cause de l'inconfort. Le cheval étant fortement motivé par le confort, il doit finir par adopter le comportement souhaité.

Ce principe, a été formulé par les "horsemen" américain Tom Dorrance et Ray Hunt, sous la forme "make the right thing easy and the wrong thing difficult". Il a depuis été adopté par de nombreux hommes de chevaux des deux côtés de l'Atlantique. C'est en particulier un des plus importants principes utilisés dans ce que l'on nomme aujourd'hui l'équitation "éthologique".



Pour que ce principe ne soit pas limité à la version moderne de la carotte et du bâton, il peut être intéressant de comprendre plus en détail comment l'appliquer.

L'idée est de ne pas forcer le cheval à donner la réponse attendue, pas plus qu'il s'agit de punir des réponses qui seraient "incorrectes". Il s'agit de créer une situation où le cheval peut librement explorer différentes options. Quand la réponse qu'il fournit n'est pas celle que nous souhaitons, l'inconfort lui permet de comprendre que ce n'est pas la bonne solution. On lui laisse donc commettre des "erreurs", et sans punition, il y renoncera de lui-même sans ressentiment, puis recherchera une autre solution. Quand il fournit la réponse attendue, il est récompensé par le confort, et donc il va adopter ce comportement qui lui est bénéfique. Dans ce processus, on s'adresse à son cerveau et on le laisse exercer son jugement : l'objectif est qu'il trouve la solution de lui-même et qu'il fasse le choix d'y adhérer.

Ceci impose de laisser au cheval le temps nécessaire et de créer une atmosphère de calme lui permettant d'apprendre sereinement. Si on tente de "presser" le cheval pour qu'il fournisse la bonne réponse rapidement, il n'apprend pas réellement mais cède à vos directives. Si vous attendez le temps nécessaire, quand il répondra, ce sera réellement son idée. Il faut parfois beaucoup de patience.

Quand on parle d'inconfort, on peut penser qu'il s'agit d'utiliser un inconfort pour contraindre le cheval à faire ce que l'on souhaite. Rien n'est plus inexact : nous devons au contraire aider le cheval à comprendre et la véritable compréhension ne naît pas de la contrainte. Nous devons toujours utiliser la pression la plus légère possible, même si parfois le plus léger possible, c'est d'être assez ferme pour que le message passe.

L'inconfort ne sera jamais plus efficace que si le cheval ait l'impression de s'appliquer de la pression à lui-même. Si nous, nous aidons le cheval et que pour le reste, il croit se mettre en difficulté lui-même quand il fait un mauvais choix, alors nous avons un rôle qui est toujours positif.
Pour qu'un cheval prenne confiance et conserve sa motivation, on ne doit pas créer une situation dans laquelle il aurait trop de difficultés à trouver la bonne solution. Il doit être mis dans un contexte adapté dans le lequel il trouvera la solution facilement. C'est notre responsabilité de rendre les choses compréhensibles pour le cheval et de ne pas le mettre dans une situation qui serait incompréhensible pour lui. C'est ainsi qu'il apprend lentement mais sûrement et qu'il prend confiance en lui, car il réussit à apprendre.

Plus l'apprentissage est une bonne expérience qui fait appel à son initiative en respectant son rythme, plus le cheval pourra être confiant et s'appuyer sur sa curiosité naturelle. Il développera alors sa capacité d'apprentissage.

Plus nous demandons au cheval des choses correspondant à un véritable travail dont il peut percevoir le sens, plus il comprendra facilement ce qu'on attend de lui.

Si nous lui proposons des activités riches et variées et lui laissons la capacité de s'exprimer, il maintiendra son enthousiasme.  Si l'apprentissage n'est fondé que sur la répétition excessive de quelques exercices précis, il perdra sa motivation.

Dans le confort que nous pouvons offrir, il y a aussi le fait de rassurer le cheval. Le cheval cherche la sécurité et si nous pouvons le rasséréner vis-à-vis de la situation et de nous-même, c'est aussi une récompense pour lui.

Il y a une  différence entre aider le cheval et assister le cheval. Mieux nous saurons nous mettre en retrait et le laisser mettre en œuvre ses propres moyens, plus il sera motivé et confiant.

Si nous avons une idée claire de ce que nous demandons au cheval, de ce qu'il est susceptible de faire, en bien ou en mal, plus nous seront apte à l'aider efficacement et à proposer confort ou inconfort au bon moment.

Si nous sommes à même de comprendre le cheval en tant qu'individu, de savoir ce qu'il ressent, nous pouvons lui proposer ce qui sera le plus adapté pour lui, aussi bien concernant la situation qu'on lui propose, que notre présentation que la manière dont on offre le confort et l'inconfort. Il y a toute une variété de situations et de chevaux et chaque application du principe de confort/inconfort est spécifique.

On rapproche souvent le principe de confort/inconfort du conditionnement opérant décrit dans la théorie de l'apprentissage. Cette théorie scientifique prouvée  s'intéresse au comportement exclusivement. Cependant, pour sa bonne application, on ne peut pas se limiter à la surface visible du comportement observable ; il est nécessaire de chercher à ressentir ce qui se passe au sein du cheval pour fonder notre relation sur la compréhension.



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vendredi 16 décembre 2016

Passer par son cerveau...

Quand on monte un cheval, on souhaite qu'il fasse ce que l'on souhaite. Le cavalier et le cheval doivent fonctionner ensemble, dans un partenariat où l'homme apporterait son cerveau et le cheval sa puissance physique. Notre cerveau dirige, et son corps est comme une extension de notre propre corps.

Cependant si nous avons un cerveau, le cheval en a aussi un. Il a aussi ses sentiments, ses pensées, son caractère et sa sensibilité. Et c'est son cerveau qui contrôle son corps, pas le nôtre.

Dans ce partenariat entre l'homme et le cheval, il n'y a donc pas un seul cerveau, mais bien deux.

Lui aussi, il a un cerveau!

Pour agir ensemble, ces deux cerveaux doivent communiquer et s'accorder. Autrement dit, notre idée doit devenir l'idée du cheval, et c'est quand les deux ont le même objectif que le cheval agira en donnant le meilleur de lui-même. Il agira sans résistance et nous n'avons plus qu'à le laisser libre de faire ce que l'on souhaite.

Cet accord ne peut pas arriver du jour au lendemain. Même si le cheval a naturellement envie de nous suivre, la relation ne peut que se construire graduellement. Cela demande un effort du cheval et cela demande un effort de la part du cavalier, qui est spécifique à chaque cheval.

Tout cela prend du temps.

La tentation est alors forte d'obtenir un résultat plus rapidement. Pour ceci, on va vouloir contrôler le corps et les pieds du cheval plus directement.

Plus directement, cela veut dire sans chercher l'accord avec le cerveau du cheval, et donc en imposant directement notre volonté.

On peut forcer le cheval avec nos mains et nos jambes quand on le monte. On peut aussi le forcer à l'aide d'un dispositif visant à le contraindre à adopter une position particulière. Plus on force le cheval, moins on lui laisse de possibilités de faire des choix, et alors on ne considère plus ses sentiments. Si on souhaite le dominer et le contrôler sans le convaincre, il ne reste plus qu'une relation mécanique, et c'est n'est plus un partenariat. Le cheval s'exécutera peut-être, mais il le fera sans enthousiasme.

Bien sûr, au début, pour installer la communication, on utilise la pression pour guider le cheval, mais on utilise aussi le confort pour le récompenser quand il trouve la bonne solution. Ce faisant, au fur et mesure, on peut diminuer la pression et bientôt les aides peuvent devenir très légères. Elles deviennent alors  uniquement des signaux discrets supportant la communication. Il y a une différence entre utiliser la pression pour créer une relation bienveillante et utiliser la pression pour contraindre le cheval dans le but d'obtenir un résultat.

Si nous sommes à l'écoute du cheval et si nous souhaitons fonder notre relation sur la communication, alors, en retour, le cheval sera réceptif et cherchera à communiquer avec nous. Si notre attitude est d'imposer directement notre volonté et de contraindre le cheval à délivrer un résultat, alors le cheval perdra toute motivation pour communiquer avec nous, car il apprend que c'est inutile.

Souvenons-nous que le cheval a un cerveau et que nous devons nous adresser à ce cerveau si nous voulons que son corps se mette sans réserve à notre service.

"We're trying to operate the life in his body down through his legs to his feet — through his mind." — Ray Hunt

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