samedi 5 novembre 2016

Préserver son envie d'essayer

Quand on essaie d'apprendre quelque chose à un cheval, il va naturellement essayer de nous faire plaisir, à condition qu'on lui permette d'être dans le bon état d'esprit.

La première chose, c'est que le cheval doit être en confiance, et que donc toute action qui réveillerait l'instinct de conservation du cheval doit être évitée. Ceci inclut les punitions et tout excès de pression qui serait incompréhensible pour le cheval. L'apprentissage demande le calme afin que le cavalier et le cheval soient relaxés.

La seconde chose, c'est que l'apprentissage ne doit pas chercher à forcer un résultat. Il est préférable de penser que l'on prépare le cheval à faire ce qu'on attend de lui, en créant une situation dans laquelle on laisse le cheval apprendre par lui-même.



Cette situation doit permettre au cheval d'avoir une certaine liberté pour explorer ce qu'il doit faire. Pour que ça fonctionne, il doit pouvoir essayer différentes choses. Le rôle du cavalier est de décourager et bloquer les mauvaises réponses et de récompenser la bonne. Décourager ne veut pas dire punir ou réprimander. Il s'agit juste de guider le cheval dans sa recherche et de lui faire comprendre qu'il doit continuer à rechercher d'autres possibilités.

Pour motiver le cheval dans cette exploration, il faut avoir une exigence sur la bonne réponse que l'on espère en rapport avec le cheval. Si on est trop exigeant le cheval aura trop de difficulté à réussir et il va se décourager. Votre cheval doit devenir un "gagnant" pour prendre confiance, et pour ceci, il faut récompenser la moindre réponse allant dans le bon sens. C'est progressivement au cours des mois et années de son éducation que vous pourrez monter le niveau d'exigence.

Cela peut être une aide de bien visualiser ce que vous recherchez préalablement à toute demande. Ainsi, quand le cheval fournira cette réponse, vous pourrez récompenser immédiatement sans vous demander si vous devez le faire ou non. Si vous être trop lent à décider, le cheval sera peut-être déjà parti mentalement sur une autre piste, et il ne reviendra pas à la bonne proposition facilement.

Si vous avez un doute sur le fait que la réponse est assez bonne pour mériter la récompense, le bénéfice du doute appartient au cheval.

Laissez le cheval essayer différentes choses prend du temps. Il faut être prêt à laisser le temps nécessaire au cheval, en le guidant, mais en ne le forçant pas par impatience.

Un autre point à prendre en considération est que la situation d'apprentissage doit être conçue pour que la bonne réponse soit  assez évidente, afin que le cheval puisse trouver le plus possible par lui-même.

Les chevaux sont motivés par les récompenses, en particulier quand on leur offre du confort. Ils sont aussi motivés par le seul fait de rechercher ce qu'on attend. En jouant avec leur intérêt naturel, de leur curiosité, ils anticipent le plaisir de la récompense, ce qui est un plaisir en tant que tel.

Si le cheval est motivé par cette recherche, alors il sera motivé pour apprendre.

Alors, ce n'est pas vous qui apprenez au cheval, mais c'est lui qui apprend, avec votre support.

En ne forçant pas le résultat, le cheval reste léger.

Quand votre cheval tâtonne, fait des erreurs, pensez à préserver son envie d'essayer. C'est un bien précieux qui une fois perdu est difficile à restaurer.

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mardi 1 novembre 2016

Aller lentement pour gagner du temps

Quand on regarde des compétitions de haut niveau dans des disciplines où la rapidité est importante, on est étonné par la vitesse d'exécution des chevaux.

C'est cette vitesse que nous voudrions retrouver avec notre propre cheval. Alors, en travaillant avec lui, on essaie de lui demander plus de vélocité dans l'exécution.



En essayant de demander au cheval une vitesse d'exécution qu'il n'est pas encore prêt à fournir, il risque de ne pas positionner ses pieds de manière correcte. Ceci à un impact sur son équilibre et il ne sera pas à l'aise : il aura des difficultés à être sûr de lui. La conséquence est qu'il sera tendu et pourra développer des résistances.

Plutôt que de vouloir imprimer notre vitesse d'exécution au cheval, il est possible d'adopter la vitesse qui correspond au cheval, en considérant ses capacités actuelles, sa forme et son état d'esprit. Pour un jeune cheval, ou pour un cheval plus âgé apprenant quelque chose de nouveau, c'est souvent la lenteur qui lui correspondra le mieux. La lenteur permet de se concentrer sur la qualité du mouvement. En prenant le temps, on peut s'efforcer d'avoir un cheval détendu et on peut l'aider à bien comprendre ce qu'il doit faire.  On peut le laisser explorer et aussi mieux le guider au bon moment. De cette manière le cheval peut se mouvoir avec légèreté en toute confiance.

Une fois qu'une manœuvre est maîtrisée par le cheval dans la lenteur, c'est le moment pour demander brièvement une légère accélération dans l'exécution. Vous lui avez demandé un effort qu'il pourra fournir car il est alors prêt à le faire. Si après cet effort vous offrez quelques secondes de repos, vous l'incitez à répondre positivement à vos demandes, en mettant une promesse de confort dans la demande d'effort que vous avez faite. C'est ce qui permet d'aller progressivement vers une plus grande vélocité, car le cheval sera motivé la rechercher.

Quand la qualité dans le mouvement est là, il est toujours possible d'améliorer la vitesse. Quand la vitesse est là, il est difficile d'améliorer la qualité du mouvement.

Commencer par une exécution lente est donc souvent le moyen le plus rapide pour avoir un cheval rapide.

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jeudi 27 octobre 2016

Donner les pieds

Nous nous attendons qu'un cheval donne ses pieds facilement, que ce soit pour les curer, faire des soins, ou pour parer ou ferrer.

Cependant, on observe que certains chevaux pèsent de tout leur poids sur le pied que l'on veut soulever. Ou que quand le pied est en main, ils cherchent à le reprendre. Dans certains cas, un cheval peut même taper avec le pied ou mordre. Non seulement c'est un problème quotidien pour le cavalier, mais s'en est aussi un pour le maréchal-ferrant ou pour le podologue équin.

En cas de résistance pour donner les pieds, on a tendance à vouloir le soulever malgré tout, et ainsi on s'oppose au cheval. Plus on va forcer, et plus il va résister. Si on considère le poids et la force du cheval, c'est un combat que l'on peut facilement perdre.

Pour éviter ceci, il ne faut pas chercher à lever son pied, mais faire en sorte qu'il prenne la décision de lever son pied. Il doit lever son pied de son propre chef, sans s'appuyer sur nous, en s'équilibrant sur les trois autres pieds.

Un cheval qui n'est pas attaché sera plus à l'aise pour lever son pied car il pourra se déplacer légèrement pour se rééquilibrer si nécessaire. Il suffit de le tenir en licol avec la longe dans le creux du bras.

Pour demander, passer la main sur le canon en frottant du haut vers le bas, et appuyez légèrement en fin de parcours, quand la main arrive sur le boulet. Appuyez vers l'avant et non vers le haut. Le mouvement naturel du cheval est d'aller vers l'avant et pour que le pied aille vers l'avant, il doit en premier se soulever.



Dès que le cheval lève le pied, attrapez-le par la pointe du sabot.


Tenez alors quelques instants et relâchez doucement le pied quand vous sentez que le cheval ne s'appuie pas sur vous. Ceci l'encourage à se prendre en charge et à tenir le pied en l'air le plus possible par lui-même. Au début, ne tenez que peu de temps, et augmentez ce temps peu à peu. Si vous pensez que le cheval va vouloir reposer son pied, reposez le pied avant. Ne vous mettez pas dans une situation où vous chercheriez à retenir son pied alors que lui veut le poser.

Cependant, si le cheval bouge son pied alors que vous le tenez, ne cherchez pas à le maintenir en un endroit précis, mais accompagnez le mouvement du pied de votre main sans opposer de résistance. Au bout d'un moment, le cheval arrêtera de bouger son pied.

Si en demandant le pied, votre cheval veut repositionner ses pieds et changer le positionnement de son poids pour mieux s'équilibrer, laissez-lui le temps de le faire. Vous pouvez aussi l'aider à le faire ; par exemple, si vous allez lever un antérieur, demander au préalable un pas de reculer lui permet de reporter son poids vers l'arrière et va l'aider à prendre son équilibre.

Quand on a malgré nous appris au cheval a ne pas lever les pieds, il est malheureusement nécessaire de le rééduquer en créant un léger inconfort pour le motiver. Commencez en pinçant légèrement le tendon en bas du canon, de manière répétitive, et cessez dès qu'il lève. Cherchez l'emplacement et la sollicitation la plus efficace pour ce cheval.

En cas d'échec, il est possible d'augmenter aussitôt l'inconfort en utilisant le cure-pied, en titillant avec la pointe de celui-ci. La pointe d'un cure-pied est légèrement arrondie et ne blessera pas le cheval. Vous pouvez essayer de stimuler au même endroit ou sous le boulet.



Certains chevaux sont aussi susceptibles d'être sensibles au fait de pincer les châtaignes.
 
Il y a une progression à respecter à chaque demande : frottez, puis pincez, puis utilisez le cure-pied. A chaque demande, commencez par la première étape, puis passez aux étapes suivantes sans attendre en cas d'insuccès. N'attendez pas entre chaque étape, car cela récompense le cheval de ne pas avoir levé le pied. Ne démarrez pas par le cure-pied, car le cheval doit avoir une chance de lever le pied avec une demande la plus légère possible.

Pour les postérieures, si vous n'êtes pas sûr des réactions du cheval, en particulier pour un jeune, utilisez sur le côté gauche votre main droite, et posez votre main gauche sur le cheval. Si le cheval panique et veut taper, vous pouvez facilement pousser avec votre main gauche sur le cheval pour vous repositionner dans une zone plus à distance.

Pour habituer le cheval à céder à la pression sur un pied en toute sécurité, vous pouvez utiliser une longe passée sous le boulet, et demander au cheval de lever le pied en tirant sur les deux extrémités.



Vous ne levez pas les pieds de votre cheval, mais vous lui demandez de les lever pour vous.  Éduquer le jeune cheval à bien donner ses pieds est important pour toute son existence. Il est aussi toujours souhaitable d'aider un cheval plus âgé qui aurait développé des résistances.


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