jeudi 10 mars 2016

Exposer sans surexposer

Quand vous êtes chez vous, avec vos proches en train de faire vos activités habituelles, vous êtes vraiment détendu. Mais si vous êtes dans un endroit nouveau, avec des inconnus, à devoir faire quelque chose que vous n'avez jamais fait auparavant, vous allez certainement être plus attentif, tendu ou même stressé. Si alors la situation semble vraiment inhabituelle et même menaçante, le stress peut se transformer en panique. Un étranger à la mine patibulaire vous approche, et alors, vous ne réfléchissez plus, vous avez envie de crier ou de vous enfuir ou vous êtes prêt à vous défendre, alors que cette menace n'existe peut-être que dans votre tête.

Les chevaux, eux aussi sont pareils dans une certaine mesure. Quand il fait un exercice habituel dans la carrière de son écurie avec vous, votre cheval est dans sa zone de confort. En extérieur dans un chemin inconnu, ou dans un concours, ou avec un chien inconnu sur la route, ou si vous lui demandez une chose inhabituelle, votre cheval va entrer dans sa zone d'alerte. Il va alors être plus attentif,  observer en levant la tête, dresser ses oreilles, serrer sa mâchoire, ouvrir son œil davantage, tendre ses muscles, respirer plus fort, s'agiter... Plusieurs signes permettent de voir qu'il analyse son environnement et qu'il doit décider si la situation est acceptable ou s'il y a une menace. Si ce qu'il perçoit l'amène à penser qu'il est menacé, il va entrer dans la zone de réaction, c'est-à-dire qu'il va réagir pour assurer sa survie, et ceci que le danger soit réel ou non.

Oh! un truc bizarre!

Comme les chevaux depuis 50 millions d'années ont régulièrement joué le rôle du repas pour une multitude de prédateurs dont l'homme, l'instinct de survie est très fort chez lui. Il peut très rapidement et facilement passer de la zone de confort à la zone d'alerte puis à la zone de réaction.

La réaction qu'il va avoir alors en premier lieu est la fuite, car le cheval est un animal rapide dont l'espèce à survécu aussi longtemps grâce à cette capacité. Mais s'il ne peut s'échapper car il est confiné ou attaché, alors il peut combattre. Fuite ou combat, c'est quelque chose que vous voulez éviter, car une telle réaction peut être dangereuse, pour vous, pour lui et pour les autres.

On a tous nos propres frontières pour nos zones de confort, d'alerte et de réaction. Ce qui est confortable pour l'un pourra paniquer un autre. C'est notre personnalité et notre expérience qui définissent ces zones, et comme nous pouvons vivre de nouvelles expériences, ces zones peuvent évoluer dans le temps pour un même individu. Si la zone de confort de votre cheval s'étend grâce aux expérience qu'il vit, alors sa zone d'alerte sera aussi repoussée, c'est à dire qu'il deviendra plus confiant et sûr de lui. Si sa zone d'alerte est repoussée, la frontière avec la zone de réaction va aussi être repoussée. Votre cheval sera donc moins susceptible d'avoir une réaction dangereuse ; il sera donc à la fois plus sûr de lui et aussi plus sûr tout court.

Ceci ne peut pas arriver si votre cheval reste toujours dans sa zone de confort. Souvent, avec un cheval sensible, on a tendance à marcher sur des œufs, mais il ne gagne pas en confiance ainsi et vous ne pouvez pas le protéger de tout. Il y a aura toujours un élément incontrôlé qui va provoquer un problème ; il est préférable de créer des situations contrôlées qui vont challenger votre cheval que de subir des situations incontrôlées.

Vous devez l'exposer à des situations nouvelles qui vont le pousser dans sa zone d'alerte, mais faire attention qu'il reste alors le plus calme possible jusqu'au moment où il va arriver à accepter cette nouveauté, et l'intégrer dans sa zone de confort. Quand ceci va arriver, il va se relâcher, détendre sa mâchoire, mâchouiller, se lécher les lèvres, cligner des yeux, baisser son encolure... Laissez-lui le temps pour profiter de cette relaxation et tirer parti de cette expérience.


Ouf, tout va bien.

Si, en le poussant hors de sa zone de confort, vous allez trop loin, alors vous pouvez le faire entrer dans sa zone de réaction. C'est ce que vous devez éviter : vous devez l'exposer à de nouvelles situations, mais vous ne devez pas le surexposer. Non seulement la réaction qu'il peut alors avoir n'est pas désirable, mais si, du fait de sa réaction, il arrive à retrouver la zone de confort, alors il apprend que c'est ce comportement qui lui a permis de survivre à la menace. Exposé à nouveau à la même situation, il pourra alors reproduire la même réaction indésirable. C'est ainsi qu'il est facile d'apprendre un cheval à embarquer, à ruer, débarquer son cavalier et d'autres comportements dangereux.

Il est parfois nécessaire de flirter avec la limite entre la zone d'alerte et de réaction, en particulier pour aider le cheval à surmonter des traumatismes, ou pour créer de brefs moments de paniques contrôlés afin d'apprendre à un cheval à gérer une telle situation. Cela demande du tact, et, dans toutes les autres situations, il est préférable de garder une marge de sécurité.

Sachez apporter chaque jour de petits défis à votre cheval, qui vont lui permettre de développer sa confiance, tout en étant à son écoute pour le maintenir aussi détendu que possible.

 

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