dimanche 1 juillet 2018

Sauter en liberté

Le travail au sol est un moyen pour améliorer le travail monté. Si on fait sauter un cheval au sol, cela peut être un moyen pour l'aider à mieux sauter une fois monté. En particulier, un cheval qui manque de confiance, dérobe ou pile face à l'obstacle peut bénéficier de ce travail au sol, et ceci sans risque de chute pour le cavalier.

Il est possible de faire sauter un cheval en main, mais il est facile de le gêner avec la longe. Si le cheval possède les bases du travail en liberté, il sera plus commode de le faire sauter en le laissant libre. L'idéal est de travailler dans un petit manège dans lequel on peut facilement rester avec le cheval.

En démarrant au plus facile et en procédant très graduellement, la progression sera plus facile et plus certaine. Le plus facile est de démarrer avec un seul obstacle et de positionner celui collé à la longueur du manège. Le cheval pourra toujours l'éviter en passant par l'intérieur, mais il ne pourra pas se dérober par l'autre côté.

Quelle hauteur d'obstacle pour démarrer? Le plus facile, c'est de commencer avec la barre au sol. Le premier objectif est que le cheval doit comprendre qu'il doit passer l'obstacle, et laisser la barre au sol va l'aider.





Il suffit alors de marcher avec le cheval sur la piste. Quelques mètres avant l'obstacle, on se met à trottiner pour que le cheval trotte également et on désigne l'obstacle. Quand le cheval est bien face à l'obstacle, on se met en retrait et on laisse le cheval sauter la barre. Après le saut, on le félicite et on lui laisse le temps d'apprécier son exploit.

Cela doit toujours rester le choix du cheval que de sauter ou de ne pas sauter. On ne doit pas chercher à «coincer» le cheval d'une manière ou d'une autre pour le forcer à sauter. S'il saute, il est récompensé, s'il ne saute pas, alors ce n'est grave, il suffit de continuer à courir avec lui, de refaire un tour, et il y aura une nouvelle chance. Peut-être qu'il faudra plusieurs tours avant qu'il ne choisisse de sauter. À nous d'être patient, et de continuer jusqu'au moment où il prendra la décision que l'on espère.

Nous rendons facile la bonne chose et difficile la mauvaise chose. La «bonne chose» c'est que le cheval saute, ce qui lui amène le confort : félicitation et repos. La «bonne chose» c'est aussi que le cheval accepte de se mettre face à l'obstacle, prêt à sauter, et c'est pourquoi se mettre en léger retrait au moment du saut est important. Nous faisons moins de pression sur lui en prenant un peu de distance, et cela le récompense d'aller vers l'obstacle.



La «mauvaise chose», c'est qu'il dérobe ou pile. Il suffit alors de le faire repartir avec énergie. Cela lui demande de continuer à travailler et cet inconfort est suffisant. Il est inutile de réprimander.

On offre un choix au cheval, sauter ou ne pas sauter. L'un de ces choix apporte un inconfort et l'autre le confort. Il va prendre sa décision, qui est de sauter.

Quand le cheval réussit à sauter à une main, alors on peut le faire sauter à l'autre main.

Quand il a sauté aux deux mains, on peut lever la barre un cran plus haut.



Quand il saute bien l'obstacle sur le bord du manège, on peut rapprocher l'obstacle du centre du manège. Alors le cheval pourra dérober des deux côtés et c'est une difficulté. Pour faciliter cette transition, on pourra remettre la barre au sol et commencer à la remonter au fur et à mesure des succès.

Quand le cheval passe un obstacle de manière fiable, quelque soit son emplacement, on peut essayer d'ajouter un obstacle. Puis, un troisième quand cela fonctionne avec deux, et ainsi de suite jusqu'à avoir un parcours.

Il est aussi possible de varier les obstacles, d'en changer le type, d'y ajouter des objets étranges, comme une bâche, un parapluie, un drapeau...

Il n'y a que notre imagination qui peut nous limiter ; il s'agit à la fois de varier les choses pour maintenir l'intérêt du cheval et le faire progresser tout en restant progressif pour qu'il finisse toujours par réussir.

Si le cheval ne réussit pas car on lui en a demandé trop, alors il ne faut pas hésiter à revenir en arrière et à lui proposer à nouveau quelque chose qu'il va réussir. Chaque séance doit se terminer sur un succès. L'important n'est pas d'arriver à un résultat donné un jour donné : il y aura toujours un lendemain pour faire mieux qu'hier. L'important est que le cheval gagne en confiance, dans les obstacles, en nous, et en lui-même. Quand c'est le cas, on pourra être surpris de voir le cheval prendre un grand plaisir à sauter à nos côtés.

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jeudi 7 juin 2018

Désensibiliser ou donner du sens?

Quand le cheval ne peut se soustraire à un inconfort quoi qu'il fasse, son instinct de survie va prendre le dessus. Il va possiblement essayer de fuir ou même de combattre.  Cependant, il peut y avoir un moment pour lui où tout semble inutile, et il peut alors apprendre à tolérer l'inconfort.

On parle alors d'habituation ou de désensibilisation.

Dans certains cas, la désensibilisation va nous servir. Par exemple, le jeune cheval au débourrage risque de percevoir la selle comme un inconfort. On peut le préparer à recevoir la selle, mais il y aura toujours le moment où on devra sangler la selle pour la première fois. À ce moment, le cheval n'aura pas d'autre option que d'accepter la selle. Selon le cheval et la préparation, cette acceptation peut survenir avec plus ou moins de réactions de la part du cheval. Certains essaieront de fuir, de se débarrasser de la selle, mais la selle restant accrochée sur le dos, le cheval finira par l'accepter.

Pour ceci, le cheval diminue sa sensibilité. Comme dans cet exemple, c'est parfois nécessaire, mais il y a des conséquences.

Avez-vous envie de perdre votre sensibilité ? Pour ma part, je pense que ma sensibilité est une richesse et je crois que chaque être vivant doit pouvoir être sensible.

Un cheval sensible saura s'exprimer avec brio

 Les chevaux sont des animaux naturellement très sensibles. Doit-on accepter cette sensibilité ou doit-on la réduire ? On parle beaucoup dans le monde du cheval de la désensibilisation et on voudrait pouvoir désensibiliser le cheval à tout ce qui peut le faire réagir.

Désensibiliser un cheval à quelque chose est facile. On trouve aisément des cours et des vidéos expliquant comment désensibiliser.

Si on abuse de la désensibilisation, alors le cheval perdra globalement sa sensibilité. Il ne réagira plus à rien et au lieu d'avoir un cheval alerte et réactif, nous devrons utiliser des pressions importantes pour obtenir une réaction.

Notre objectif premier ne devrait pas de désensibiliser le cheval mais de le rendre capable d'analyser une situation, de prendre sur lui, et de lui apprendre à se tourner vers nous.

Notre rôle est de rendre le cheval plus fort, plus expérimenté, plus confiant : nous pouvons préparer pour lui des expériences qui lui permettent d'apprendre à mieux connaître le monde qui l'entoure. C'est un processus d'apprentissage du cheval et on doit le soutenir dans son effort, pas le forcer à se résigner.

Il est normal que le cheval soit sensible. Comme le cheval est sensible et que son instinct de survie est fort, il est normal qu'il puisse avoir peur. Nous devons accepter ce qui fait sa nature, et le guider pour qu'il apprenne à appréhender ce qui peut l'inquiéter, avec notre support.

Pour ceci, on peut penser à ces quelques pistes de réflexion dans notre travail:

Quand quelque chose fait peur au cheval au point de poser un problème, alors il faut adresser le problème. Pour ceci, on doit habituer le cheval à cette chose, mais sans excès, et sans chercher absolument à ce que le cheval devienne totalement indifférent.

Quand le cheval a peur, on peut laisser le maximum d'initiative au cheval et lui imposer le minimum de choses. Plus on lui laisse le choix entre fuir et explorer,  plus il surmontera ses peurs par lui-même. Quand le cheval fuit, ce n'est pas grave, car on peut toujours le conduire à revenir affronter sa peur. Quand le cheval décide d'aller de l'avant, d'explorer, alors c'est le moment où nous pouvons lui donner le maximum de confort et de liberté. En effet, ce que nous souhaitons récompenser, ce n'est pas le moment où le cheval n'a plus peur, c'est le moment où le cheval accepte de prendre sur lui pour contrôler sa peur.


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vendredi 25 mai 2018

Equilibrer

Dans les mouvements qu'il fait, le cheval doit rester équilibré. Plus le cheval sera équilibré, et plus il aura de facilité à effectuer une manœuvre. Moins le cheval est en équilibre, plus il sera gêné dans ses mouvements. Déséquilibré, il peut être perturbé, car il sent qu'il est à la limite de la chute, laquelle peut effectivement se produire.

Le cavalier vient perturber l'équilibre naturel du cheval en surchargeant l'avant-main. Si le cheval a naturellement plus de poids sur l'avant-main, le cavalier vient encore accroître ce déséquilibre.

Pour s'équilibrer, le cheval peut utiliser son corps. Principalement, il peut s'équilibrer à l'aide de son encolure, de sa tête et en engageant ses postérieurs.

En déplaçant son encolure et en fléchissant plus ou moins sa tête, il déplace le poids de son encolure et de sa tête par rapport au reste du corps. Ceci va déplacer son centre de gravité.

En engageant ses postérieurs sous son corps, il reporte son poids sur l'arrière-main et allège donc l'avant-main.

Si le cheval a du fait du cavalier trop de poids sur l'avant-main, il doit se rééquilibrer vers l'arrière. Ceci passe par le fait de relever l'encolure, fléchir la tête et engager les postérieurs : c'est l'objectif du rassembler.

Pour permettre au cheval d'être équilibré, nous pouvons avoir deux approches.

La première est d'amener le cheval dans une position lui permettant d'avoir un meilleur équilibre et de l'y maintenir.

La seconde est d'aider le cheval à s'équilibrer par lui-même.

Qui est le mieux placé pour savoir comment s'équilibrer au mieux sinon le cheval lui-même? Il peut à chaque instant ressentir comment il est équilibré et aussitôt utiliser son corps pour s'équilibrer.

Le cheval bien mis s'équilibre par lui-même


Pour arriver à ce résultat, le cheval doit apprendre à équilibrer son corps avec le cavalier. C'est notre rôle de créer des situations dans lesquelles le cheval devra travailler à cet équilibre. Pour ceci, il faut mettre le cheval dans des situations où l'équilibre est menacé, ce qui le poussera à utiliser son corps pour s'équilibrer. Il apprendra ainsi, avec notre soutien, à s'équilibrer.

Ces situations sont simples: il y a les pentes et les transitions.

Quand il monte ou qu'il descend une pente, le cheval devra s'équilibrer. Au début, nous pouvons nous assurer que le cheval reste au pas. Puis laissons le plus possible aller les rênes, qu'il puisse positionner son encolure et sa tête avec le plus de liberté possible. Le travail en descente est le plus intéressant, car il conduit au relèvement de l'encolure et à l'engagement des postérieurs, c'est-à-dire ce que nous souhaitons obtenir dans le rassembler.

Dans la transition, le cheval voit son équilibre menacé. C'est donc une chance pour le cheval de travailler son équilibre. Cependant, le déséquilibre provoqué par la transition est bref et donc le cheval a plus de difficulté à apprendre que dans le travail en pente.

Quand le cheval travaille bien dans la pente et dans les transitions sur le plat, alors on peut combiner les deux. On peut privilégier les transitions dans la descente, en particulier pas-arrêt-reculer. Le fait de stopper puis de reculer dans une descente permet au cheval d'alléger son avant-main et d'engager davantage les postérieurs.

La nature offre des opportunités d'apprentissage


Une autre situation, similaire à la pente, est de travailler sur une marche. Si on n'a pas de marche à notre disposition, on peut construire un dispositif avec des palettes en bois que l'on renforce pour supporter le poids du cheval.

Une autre variation, est de construire une grande bascule avec un plan en bois qui repose sur un rondin ou une poutre. La bascule permet d'offrir un défi intéressant aux chevaux.

Nous pouvons imaginer d'autres situations ; le principe est toujours le même : mettre le cheval dans une situation dans laquelle il doit rétablir son équilibre et lui laisser apprendre à utiliser son corps pour assurer son équilibre. Si dans une telle situation nous pouvons ponctuellement aider le cheval, nous devons surtout le plus possible le laisser libre. Ce ne sont pas nos mains qui alors agissent pour placer le cheval. Au contraire, essayons de ne pas le gêner pour utiliser son corps, et pour ceci, rendons-lui les rênes autant que possible.

Créons une situation permettant au cheval d'apprendre. Puis, faisons-lui confiance pour mener son apprentissage. Notre rôle est de le guider et de le soutenir, en lui laissant le maximum d'autonomie.

En ne travaillant que dans la carrière et dans le manège, on a moins d'opportunités pour créer de telles situations. 

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