mercredi 16 août 2017

En avant

On aime monter un cheval qui va de l'avant avec énergie et volonté, les oreilles en avant. À l'opposé, il est pénible de monter un cheval mollasson, qui semble se traîner dans de la mélasse, ou pour lequel on doit à chaque foulée essayer de le «pousser» pour qu'il tienne l'allure.

Il y a des chevaux qui ont naturellement plus ou moins d'énergie, mais avant d'accuser notre cheval d'être paresseux, nous pouvons nous demander si nous avons fait tout ce qui était nécessaire pour qu'il se porte en avant avec franchise.

On demande à notre cheval d'avoir de l'énergie ; mais, nous-même, avons-nous de l'énergie quand on veut avancer avec notre cheval ? On sommes-nous seulement un passager ?

Si nous avons de l'énergie, si nous avons de l'envie,  et que cela se traduit dans notre corps par de la vie et du rythme, alors le cheval pourra aussi avoir plus d'énergie. Si nous essayons d'être avec notre cheval, et que ensuite on met de l'énergie en étant légèrement en avant de l'énergie du cheval, alors il pourra suivre cette sensation et augmentera aussi son énergie.

Également, si nous regardons là où nous allons et que nous avons envie d'y aller, notre volonté et le fait que nous soyons sûrs de ce qu'il faut faire va aussi donner envie au cheval de nous suivre.

Un objectif clair et partagé motive le cheval

Pensons à un skieur qui doit s'élancer pour une course. Il ne compte pas que sur la pente pour avancer. Il n'est pas passif. Avant le départ, il rassemble son énergie et se met dans une position dans laquelle il est prêt à partir et regarde la pente. Il est encore immobile, mais il ne fait pas rien, il se mobilise physiquement et mentalement. Quand le signal du départ résonne, il part avec énergie, en libérant l'énergie qu'il avait préparée. C'est ce qu'on peut rechercher avec le cheval quand on part ou qu'on fait une transition montante : se préparer et préparer le cheval, mobiliser son énergie, son corps et sa volonté, avant de réaliser la transition avec l'énergie nécessaire.

Une fois que la transition est faite et que le cheval est dans l'allure, il doit maintenir l'allure avec notre accompagnement, mais sans pression répétée. S'il nous a suivi et qu'il met son énergie au diapason de la notre, alors nous devons rendre les choses confortables pour lui. En particulier, on ne doit pas utiliser nos jambes à chaque foulée pour faire pression en permanence.

Si vous devez courir, auriez-vous envie que quelqu'un vous donne des coups de baguette à chaque foulée pour vous faire avancer? Ce n'est pas ça qui va vous faire aimer la course! Si au contraire vous trouvez dans la course du confort et du plaisir, vous allez y prendre goût et ça sera votre idée de courir. Il sera alors inutile de vous «stimuler». De la même manière, le cheval ne va pas apprécier d'être talonné à chaque foulée. Nous devons lui donner envie de se porter en avant ; cela doit devenir son idée.

Souvent le cavalier utilise ses jambes de manière répétée car il a peur que le cheval prenne l'initiative de faire une transition descendante. Il est pourtant préférable que le cheval fasse une transition descendante et qu'à ce moment, vous demandiez immédiatement au cheval de refaire une transition montante pour revenir dans l'allure initiale. Après quelques répétitions, le cheval comprendra qu'il est plus confortable pour lui de rester dans l'allure.

Si on sent que le cheval fatigue et veut ralentir, on peut lui demander un effort puis il préférable de prendre l'initiative de lui demander de ralentir plutôt qu'il le fasse par lui-même.

Si le cheval, bien qu'on mettre de l'énergie et du rythme, ne bouge pas alors on peut se demander s'il y a une raison. Parfois, il peut y avoir une bonne raison comme une douleur ou de la peur, mais il se peut aussi que le cheval ait appris par la faute de l'homme à ne pas avancer à notre demande.  C'est dans cette situation qu'il peut être nécessaire d'utiliser la pression pour motiver le cheval. On ne peut pas faire grand chose avec un cheval qui n'avance pas. Il faut qu'il ait de l'énergie et là on pourra essayer de diriger cette énergie. Mais pour avoir cette énergie, il est parfois nécessaire d'utiliser la pression. Que l'on utilise ses jambes, ses éperons ou sa cravache, il s'agit juste d'utiliser de la pression, et non pas d'agresser le cheval, ni de le blesser, ni de l'épouvanter. Il s'agit de rendre inconfortable le fait de ne pas avancer et que dès que le cheval avance, cela soit confortable pour lui.

On peut donc utiliser la pression pour que le cheval avance, mais on doit cesser toute pression dès que le cheval avance, même si l'effort est encore insuffisant à notre goût. Si nous sommes dans l'état d'esprit de dire "maintenant avance ou tu vas voir ce que tu vas voir!" alors le cheval aura du ressentiment. Il n'aura pas envie d'être blessé et pourra même se contracter et s'immobiliser pour se protéger, ce qui va à l'opposé de ce que l'on recherche.

Parfois, on croit que plus de pression sera plus efficace, mais ce n'est pas le cas. Ce qui compte, c'est quand et comment la pression est appliquée et quand elle cesse. Là-dessus, chaque cheval est différent. Faut-il utiliser une jambe? ou les deux ? avec quelle force ? en éloignant les jambes ou en «pressant»? devons-nous utiliser les éperons? la cravache?

Plutôt que d'utiliser la force, il est préférable de chercher quelle est la pression qui mettra le cheval en avant sans entrer dans l'agression ou le conflit.

Il est aussi important d'être cohérent dans nos aides et de ne pas demander d'avancer avec nos jambes alors que nos mains exercent une pression. C'est comme d'appuyer sur l'accélérateur et le frein en même temps.

Pour un cheval qui n'avance pas, souvent, utiliser une seule jambe en étant ferme permet d'obtenir un mouvement. Quand c'est le cas, n'essayez pas de diriger le cheval, mais accompagnez-le dans le mouvement obtenu avec le souci de rendre les choses confortables pour lui.

Si la pression est parfois nécessaire, ou même la fermeté pour le cheval ayant appris à ne pas avancer, nous devons garder en tête que notre objectif est bien que le cheval se mette à l'unisson de notre énergie. Nous devons lui offrir notre énergie et notre rythme à chaque fois et n'utiliser que la pression minimale qui est nécessaire, tout en essayant de réduire cette pression au cours du temps. Quand un cheval a été désensibilisé à la jambe, la pression peut être nécessaire pour le sensibiliser à nouveau, mais l'objectif final est qu'il réagisse juste quand on remue notre orteil dans la botte.

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