mardi 5 août 2025

Ressentez globalement, agissez avec précision

Le cheval voit le monde comme une vaste fresque qui l’entoure presque à trois-cent-soixante degrés ; la moindre feuille qui bouge au bord de son regard déclenche aussitôt une alerte. Son esprit ne s’attarde pas sur les détails : il capte l’ambiance générale, réagit d’abord pour rester en sécurité, puis seulement il se détend et apprend. L’humain, lui, avance avec un regard beaucoup plus étroit ; il possède, au centre de sa vision, une petite zone très précise qui lui sert à lire, bricoler, compter et planifier. Tout ce qui se trouve en dehors de ce cône net lui paraît flou ou secondaire, et son cerveau a l’habitude de filtrer les informations périphériques pendant qu’il réfléchit.

Quand un cavalier prend conscience de cette différence, il comprend pourquoi un simple sac plastique qui vole loin sur la piste peut faire sursauter son cheval alors que lui ne l’a même pas remarqué. Il comprend aussi pourquoi des demandes données sans considération de l'environnement global et sans ressentir le cheval dans son ensemble le rendent confus. 





En élargissant délibérément son propre regard, le cavalier peut se rapprocher du mode de perception du cheval. Il suffit de détendre les yeux, de laisser entrer la vision périphérique, d’écouter les bruits du manège dans leur ensemble, de sentir le sol vibrer sous les pas, de prendre conscience de ce que tout révèle le cheval sur son état physique et intérieur. Cette vigilance panoramique permet de repérer les signaux minuscules que le cheval envoie : une oreille qui pivote, un muscle qui se tend, un souffle qui change. Lorsque ces signes sont lus dès leur apparition, il n’y a plus besoin de corriger une grande peur plus tard ; on ajuste avant l’escalade, et le cheval se sent compris et donc en sécurité.


Cette posture globale aide aussi à doser les demandes. Au lieu de se cramponner à un objectif précis jusqu’à l’obtenir, le cavalier reste attentif à tout ce qui entoure l’exercice : la fatigue qui monte, le vent qui tourne, le bruit soudain qui trouble la détente, la proximité de l'entrée de la carrière et du buisson sombre qui fait peur. Il devient alors ce partenaire fiable que le cheval recherche naturellement : quelqu’un qui voit venir les choses, qui propose un chemin clair mais reste prêt à l’adapter. Le cheval répond par davantage de confiance, d’envie et de légèreté, parce qu’il sent que l’autre vit le même paysage sensoriel que lui.


En adoptant cette perception plus large et un esprit moins fixé sur les détails immédiats, l’humain tisse un lien où chacun trouve son rôle : le cheval apporte sa faculté d’embrasser l’ensemble, l’humain apporte sa capacité à diriger avec précision quand le moment est juste. C’est dans ce va-et-vient entre panorama partagé et gestes précis que naît une relation harmonieuse, fluide et sûre pour les deux.


English version





x

--



The horse sees the world as a vast fresco that wraps around it almost three-hundred-and-sixty degrees; the merest leaf quivering at the edge of its vision instantly sets off an alert. Its mind doesn’t dwell on details: it catches the overall mood, reacts first to stay safe, and only then relaxes and learns. Humans, by contrast, move forward with a much narrower field of view; at the center of their sight lies a tiny, razor-sharp zone they use for reading, tinkering, counting, and planning. Everything outside that clear cone seems blurry or secondary, and the brain is used to filtering out peripheral information while it thinks.


When a rider becomes aware of this difference, they understand why a lone plastic bag fluttering far down the arena can startle their horse even though they never noticed it. They also grasp why cues given without regard for the broader environment—and without feeling the horse as a whole—leave the animal confused.


By deliberately broadening their own gaze, the rider can edge closer to the horse’s way of perceiving. Soften the eyes, let peripheral vision flow in, listen to the arena’s sounds as a whole, feel the ground vibrate beneath every hoofbeat, and notice everything the horse reveals about its physical and inner state. This panoramic vigilance lets one spot the tiniest signals the horse sends: an ear that swivels, a muscle that tightens, a breath that changes. When such signs are read the moment they appear, there is no need to fix a big fright later; you adjust before things escalate, and the horse feels understood—and therefore safe.


This overall stance also helps to calibrate requests. Instead of clinging to a precise goal until it is met, the rider stays alert to everything surrounding the exercise: rising fatigue, the wind shifting, a sudden noise that disrupts relaxation, the gate’s nearness, the dark bush that looks scary. They become the reliable partner the horse naturally seeks—someone who sees things coming, offers a clear path, yet stays ready to adapt it. The horse answers with more confidence, willingness, and lightness, sensing that the other is living the same sensory landscape.


By adopting this wider perception and a mind less fixed on immediate details, the human weaves a bond in which each plays a role: the horse contributes its capacity to take in the whole, the human supplies the ability to direct with precision when the moment is right. In the ebb and flow between shared panorama and precise gestures, a harmonious, fluid, and safe relationship is born for both.

mercredi 3 novembre 2021

Cultiver sa curiosité

Le cheval prend peur facilement et rapidement face à l'inconnu, mais il sait aussi se rasséréner pour peu qu'il puisse de lui-même s'assurer que la cause de sa peur est en fait sans danger.

Ainsi, la curiosité est ce qui va permettre au cheval de surmonter sa peur. 

Si nous pouvons encourager sa curiosité, alors il pourra être plus confiant et mieux gérer les moments de peur.

La curiosité est forte chez le jeune cheval, mais elle peut s'émousser avec le temps, soit par manque de stimulations nouvelles soit aussi parce que parfois, on décourage cette curiosité.

Le cheval doit pouvoir exercer sa curiosité librement, sans pression de notre part. Pour ceci, dès que le cheval fait preuve de curiosité, laissez-lui tout le temps nécessaire. Il doit aussi avoir une certaine liberté de mouvement pour pouvoir s'approcher de l'objet qui l'intrigue mais aussi pour s'en éloigner temporairement en cas d'inquiétude.

Si nous pouvons soutenir le cheval lors d'un moment de peur et même être directif, dès que le cheval s'intéresse à l'objet inconnu, offrons-lui tout le confort possible. Monté, laissons-lui les rênes lâches.

La curiosité est une habitude et le cheval doit avoir régulièrement des occasions de l'exercer. 



Cela peut être simplement en découvrant régulièrement de nouveaux endroits mais vous pouvez aussi organiser des séances en carrière ou dans un pré où vous disposez plusieurs objets à explorer.

On peut utiliser toutes sortes d'objets pour peu qu'ils soient dans danger pour le cheval : habit, serviette, bâche, bidon, tonneau, poubelle, morceau de tuyau d'arrosage, bouteille plastique, ballon, grand sac de tissu, drapeau...











Disposez quelques objets à la fois et laissez le cheval les découvrir. Ne le poussez pas à aller vers les objets mais observez en vous mettant en retrait. Les chevaux les plus timides auront besoin de plus de temps.

Vous pouvez de temps en temps dissimuler une friandise dans les objets pour rendre le jeu plus motivant mais rappelez-vous qu'il s'agit plus de stimuler la curiosité que l'estomac.

Dès que le cheval a inspecté les objets et s'en désintéresse, c'est la fin de la séance. Retirez tout et à la prochaine séance vous pourrez mélanger des objets déjà connus avec de nouveaux objets. 

Vous pouvez aussi combiner des objets, comme mettre des objets sur une bâche, dans une grosse boîte ou un tonneau... 

Vous pouvez utiliser des objets qui font du bruit quand le cheval les attrapera ou aussi avoir des objets odorants comme un vieil habit que vous avez porté, la couverture du chien, de l'eau avec un peu de sirop dans un récipient...

Le plus difficile est de trouver des nouveaux objets à chaque séance. Vous pouvez aussi combiner des objets, comme mettre des objets sur une bâche, dans une grosse boîte ou un tonneau... 

Vous pouvez utiliser des objets qui font du bruit quand le cheval les attrapera ou aussi avoir des objets odorants comme un vieil habit que vous avez porté, la couverture du chien, de l'eau avec un peu de sirop dans un récipient...

Le plus difficile est de trouver des nouveaux objets à chaque séance. Votre imagination sera précieuse pour stimuler la curiosité de votre cheval.

Au fur et à mesure des séances vous pourrez observer comment son comportement évolue, s'il devient plus entreprenant et confiant. Et surtout comment d'avoir développé sa curiosité influe sur son comportement au quotidien.


Facebook: https://www.facebook.com/cyrilcambienhorsemanship/

Instagram: @cyrilcambienhorsemanship









lundi 13 septembre 2021

Le travail du cheval depuis un cheval

De plus en plus, on reconnaît l'utilité du travail à pied en complément du travail monté. Il a son intérêt, autant pour le cheval que pour le cavalier, à la fois pour ses vertus éducatives que par le fait qu'il ouvre à de nombreuses activités qui permettent d'enrichir la relation.

Il y a cependant d'autres formes de travail et d'activités possibles avec les chevaux. On pourrait citer l'attelage, qui a toute son importance, ainsi  que toutes  les formes de travail en traction animale. 



 

Cependant, je voudrais plutôt évoquer ici une forme de travail qui combine l'intérêt et les bénéfices du travail monté avec le travail au sol : le travail d'un cheval depuis un autre cheval. 

Le principe en est simple : ce que vous pouvez faire avec un cheval en étant à pied, vous pouvez le faire en étant monté sur un autre cheval. 

Pour ceci, le cheval que vous montez doit être assez éduqué pour être monté à une main, car vous devez pouvoir conserver une main pour travailler l'autre cheval. Votre cheval doit être assez socialisé pour travailler l'autre cheval en étant proche de lui. Votre cheval de selle doit à la fois être maître de lui et à l'écoute de son cavalier. Que vous utilisez un drapeau ou un stick pour le travail au sol, vous devez commencer par l'habituer au fait que vous le montez tout en utilisant cet outil. 

Pour débuter, utilisez un rond de longe. Progressez étape par étape et privilégiez toujours la sécurité. 

Le premier exercice est simplement de mener l'autre cheval. Autrement dit, il s'agit de monter en dextre.

Historiquement, le cheval mené était à droite, et donc en dextre. Si le cheval était à gauche, il était en sénestre. En fait, il est préférable de travailler des deux côtés. 

Prévoyez une longe assez longue de 3 mètres. Si le cheval part ou bloque, faite dérouler la longe, mais n'essayez pas de serrer la main car la longe en filant dans votre main pourrait causer une brûlure par frottement. Au pire, laisser partir la longe pour libérer le cheval qui de toute façon restera prêt de vous. N'attachez pas et n'enroulez pas la longe ni sur vous ni sur la selle, ce serait dangereux. 

Démarrez le travail au pas. Essayez-vous aux changements de direction. Puis, si le cheval suit bien, essayez d'autres allures. Le cheval est un suiveur naturel et le cheval mené devrait vite comprendre ce qu'on attend de lui. Si jamais il ne suit pas, arrêtez votre cheval de selle et maintenez une légère tension dans la longe jusqu'à ce que le cheval mené avance. Dès qu'il avance, cessez toute tension dans la longe pour le récompenser. 



Vous pouvez ensuite travailler des mouvements latéraux en contrôlant aussi bien les postérieures que les épaules, ceci vous aidant avec le drapeau ou le stick. Dirigez la tête de votre cheval de selle vers l'arrière-main du cheval mené avec un angle. Tenez les rênes de la main du côté du cheval mené et tenez le drapeau de l'autre main, celui-ci passant au-dessus de l'encolure. La longe est tenue par la main qui tient les rênes. Si le cheval mené bouge naturellement les rênes iront vers lui et vous pourrez facilement l'accompagner. Une alternative avec une selle western est d'enrouler la longe un tour sur la corne de la selle et de glisser le bout sous la cuisse. En cas de soucis, il suffit de lever la cuisse pour laisser partir la longe.



Dans cet exercice, une fois acquis le contrôle des postérieurs et des épaules, on peut demander au cheval de déplacer les deux à la fois. Maintenez toujours le drapeau ou le stick entre vous et l'autre cheval. Dosez la pression que le cheval s'éloigne de vous sans qu'il ne panique.



Pratiquez aussi le reculer. Incitez le cheval à reculer par la longe tout en faisant reculer votre cheval de selle . 

Quand dans le rond de longe vous maîtrisez la marche avant, la direction et les allures ainsi que l'arrière-main comme l'avant-main et le reculer, vous pouvez vous aventurer dans de plus grands espaces comme une carrière ou même en extérieur.

La randonnée en extérieur à trois peut étre source de grandes satisfactions. C'est aussi un très bon moyen d'habituer un poulain à l'extérieur quand il n'est pas encore debourré. 



Travailler un cheval depuis un autre cheval, c'est travailler deux chevaux en même temps car les deux vont apprendre quelque chose, sans parler du cavalier.

C'est aussi une bonne activité quand on a un cheval plus âgé et aussi  un cheval plus jeune. Le jeune cheval sera rassuré d'être travaillé avec un cheval expérimenté. Également, vous pouvez habituer le jeune cheval à la présence de la personne au dessus de lui, ce qui facilitera les premiers montoirs.



C'est aussi pour un professionnel une meilleure sécurité pour travailler un cheval difficile, voire dangereux.

Pour les randonneurs, ils peuvent disposer d'un cheval de bât.

Ou tout simplement, vous pouvez  explorer avec vos chevaux une nouvelle activité pour le plaisir.



Facebook: https://www.facebook.com/cyrilcambienhorsemanship/

Instagram: @cyrilcambienhorsemanship