jeudi 30 juin 2016

Revenir dans le calme

Quand on revient de ballade, parfois le cheval s'excite, se met à danser, se met à trotter de lui-même, ou même décide de galoper.

Si on considère qu'une fois de retour, il retrouvera un environnement familier et sécurisant, puis qu'il sera dessellé, pourra se reposer et même peut-être manger, on peut comprendre qu'il ait envie de rentrer. Néanmoins, il doit arriver à se maîtriser et à rester avec son cavalier.

S'il commence à s'exciter sur le chemin du retour, on peut le mettre sur un cercle. Dès qu'il se détend, il est possible de repartir au pas. S'il recommence à s'exciter, on le remet sur un cercle, dans le sens opposé, jusqu'à retrouver le calme. Après quelques fois, il comprendra que s'il est calme, il peut rentrer alors que s'il excite, il doit travailler sans pouvoir rentrer.

Faire travailler le cheval permet aussi de le concentrer sur nous, et non sur le fait que l'écurie est proche.


Quel plaisir de se balader dans le calme!

Une seconde chose qu'il est possible d'essayer quand il se met à danser, c'est de le mettre dans une cession à la jambe ou dans une épaule en dedans, et de le libérer dès qu'il se calme. Là aussi, il pourra choisir de rentrer calmement pour ne pas avoir à travailler.

S'il se met à trotter sans que vous l'ayez demandé, maintenez votre corps et vos mains dans le rythme du pas, et laissez-le dans une situation inconfortable où son cavalier n'accompagne pas son mouvement. Maintenez vos rênes de manière à ce que ses propres mouvements génèrent un inconfort dans sa bouche. Ce n'est pas vous qui tirez sur sa bouche pour le ralentir, c'est lui qui crée cette pression sur lui-même au travers de vos mains. Dès qu'il repasse au pas, donnez-lui des rênes pour le récompenser d'avoir pris la bonne décision.

De même, s'il passe au galop, prenez avec votre corps le rythme du trot pour le gêner dans son galop, jusqu'à ce qu'il décide de passer au trot. Puis à partir du trot, vous pourrez redemander le pas.

Surtout ne le retenez pas en permanence avec vos rênes. Il n'apprendrait qu'a s'y opposer, vous forçant ainsi à utiliser de plus en plus de force, alors qu'il en possède plus que vous.

S'il prend la main dans un galop en échappant à votre contrôle, mettez une main excentrée sur un côté, tendez la rêne, puis alors qu'il est en suspension dans le galop, tirez fermement sur le côté en reculant la jambe du même côté. Votre autre main opposée ne devra opposer aucune résistance. Cela aura pour effet de désengager les postérieurs et entraînera la fin du galop. Vous pourrez alors immédiatement remettre le cheval sur un cercle serré jusqu'à reprendre définitivement son contrôle. Cet arrêt à une main est une mesure d'urgence qui ne doit pas être utilisée à la légère, mais il est bon de savoir qu'on a ce recours si le cheval embarque.

Dans la carrière ou le manège, il est possible de travailler à ralentir au maximum le pas pour ensuite reprendre un pas plus vif pour pouvoir ralentir à nouveau. Ainsi, on peut travailler en toute sécurité à avoir un meilleur contrôle des pieds du cheval qui sera utile une fois en extérieur.

Au fil des jours, juste en offrant au cheval du confort s'il accepte de revenir dans le calme, et en créant de petits inconforts dans le cas contraire, il apprend ce qu'on attend de lui sans qu'il soit nécessaire d'entrer dans un conflit.


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jeudi 23 juin 2016

Cherchez l'erreur

Imaginons que quelqu'un veuille vous apprendre à exécuter une tâche particulière.

Cette personne peut vous tenir par la main et guider vos moindres gestes avec précision. Si votre geste n'est pas parfait, il peut immédiatement utiliser plus de fermeté pour que vous conduire à exécuter le geste exactement comme il le souhaite.

Si vous aviez une tâche à exécuter et que vous vouliez apprendre comment faire, est-ce que pour autant vous voudriez être guidé comme une marionnette sans cervelle? Seriez-vous motivé pour apprendre de cette manière ? Ne préféreriez-vous pas avoir la liberté de faire les choses à votre manière, quitte à vous tromper ? Bien sûr, quand vous faites une erreur manifeste, et qu'alors quelqu'un de plus expérimenté intervient à ce moment pour vous aider, vous acceptez facilement son intervention, mais le reste du temps, vous préférez faire les choses par vous-même. Un enseignant vraiment astucieux préparerait même une situation vous permettant d'apprendre comment tirer parti de vos erreurs sans son intervention ou sans que celle-ci soit pesante.

Le cheval n'est pas différent de nous sur ce point.

Avec le lasso, le cheval est mené à une seule main. Il doit apprendre à être autonome.

Souvent on veut faire les choses parfaitement et on voudrait aussi que le cheval exécute parfaitement les mouvements que l'on attend de lui. Cependant, l'erreur fait partie de l'apprentissage. Laissez-le faire en lui laissant le maximum de liberté, laissez-le se tromper, et intervenez ensuite. Il apprendra alors à éviter l'erreur pour bénéficier du confort de la liberté que vous lui laissez s'il fait ce que vous souhaitez.

Si au contraire vous ne lui offrez pas ce droit à l'erreur, vous ne pouvez que le forcer dans le mouvement et le contrôler en permanence. Vous ôtez au cheval toute autonomie et niez sa capacité à se prendre en charge.  Il sera difficile d'amener le cheval à répondre à des aides légères.

L'erreur est bénéfique. C'est l'expérience de l'erreur qui permet d'apprendre. Vous pouvez laisser votre cheval faire des erreurs, et lui laisser la possibilité d'en tirer les conséquences pour qu'il modifie son comportement de lui-même.

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jeudi 16 juin 2016

Equitation sans contrainte?

Quand on aime son cheval, on aimerait vouloir pouvoir lui offrir le plus grand confort possible dans la relation que nous avons avec lui.

Ceci peut nous conduire à vouloir retirer tout ce qui peut nous sembler une contrainte pour lui : éperons, cravache, mors, fers ou même exercer toute pression visant à lui demander un effort. A l'extrême, même monter sur le cheval peut être vu comme une contrainte pour lui.

Ce mors est-il "contraignant" ?

Alors que tant de gens utilisent la coercition, les punitions ou la même la violence pour obtenir ce qu'ils veulent de leur cheval, cette volonté d'apporter autant de confort à l'animal est très positive.

Cependant, dans la vie, les contraintes existent, et les êtres vivants ne peuvent vivre sans jamais subir de pression. Ce n'est pas propre à la relation homme-cheval : nous avons nos contraintes, et les chevaux entre eux également, et il suffit d'observer les chevaux entre eux, pour voir qu'ils peuvent mettre la pression les uns sur les autres. Si un cheval veut inciter à autre à bouger, il va coucher ses oreilles et lui mordre les fesses ; il est plus rare qu'il l'attire avec une carotte.

Appliquer de la pression sur un cheval, ce n'est pas un problème pour lui, s'il peut arriver à trouver l'issue qui peut lui permettre de trouver le confort. C'est d'ailleurs la pression elle-même qui rend ce confort appréciable et pourra amener le cheval à le rechercher. Si nous pouvons utiliser la pression, c'est notre rôle de guider le cheval pour qu'il trouve la solution lui permettant de trouver le confort. Si nous savons l'aider à le faire, il prendra confiance en nous, et se tournera spontanément vers nous dans les moments difficiles.

En effet, même si on veut offrir le maximum de confort au cheval, ce n'est pas possible d'éviter pour lui toute peur ou toute source de stress. S'il n'est jamais ou peu exposé à la pression, il sera peureux et grincheux à la moindre sollicitation. Si on contraire on l'expose de manière contrôlé à des situations difficiles pour lui, et qu'on l'aide à gérer cette situation, il gagnera en expérience et apprendra à gérer ses émotions.

Une pression qui est injuste pour le cheval, c'est une pression qui s'applique à lui sans qu'il puisse trouver comment regagner le confort. Trop de pression et de la pression tout le temps, c'est ce qui va amener le cheval à ne plus céder volontairement à la pression. Soit il se résignera et deviendra de moins en moins sensible, soit son issue sera de chercher à s'échapper et fuir, et s'il n'y arrive pas, il cherchera à combattre.

Créer une pression ce n'est pas contraindre le cheval ou chercher à créer un rapport de forces. C'est encore moins punir.

La pression fait partie de la vie, et elle peut s'appliquer au cheval comme à nous sans ressentiment. Idéalement, elle sera présentée au cheval comme une pression qu'il exerce sur lui-même. Si vous appuyez sur un mur, le mur en retour exerce une pression sur vous. Le mur n'est pas agressif, il ne vous attaque pas ou ne cherche pas à vous faire du mal, mais il exerce une pression sur vous. Il suffit de choisir de céder à cette pression et de ne plus appuyer sur le mur pour que le mur cesse immédiatement d'exercer toute pression sur vous. Il est plus facile de céder à la pression d'un mur que de céder à la pression que quelqu'un exerce sur vous. De la même manière, un cheval cédera aisément à une pression qu'il pense s'infliger à lui-même.

Je ne crois pas qu'un mors, des éperons ou une cravache soient des contraintes injustes pour le cheval. Ce qui compte, ce n'est pas ces objets, mais les mains et les pieds qui les manipulent. Il est possible d'être très dur avec un simple licol éthologique, un side-pull ou un hackamore, tout comme on peut être très doux avec un mors à branches. De gros éperons peuvent impressionner, mais il peuvent, bien utilisé, aider le cheval. Une contrainte injuste peut être discrète, comme une muserolle trop serrée ou un mors trop ajusté qui exerce une pression permanente sur sa bouche.

L'important, c'est de savoir quand utiliser la pression et quand offrir le confort, en restant équilibré.

It takes pressure for relief to be effective, and relief for pressure to be effective.
-- Martin Black


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samedi 11 juin 2016

Dans les écoles d'équitation (poème)

Dans les écoles d'équitation,
Ils ont un manuel avec des règles.
Celui qui l'a écrit en dit long
Sur comment s’asseoir et tenir les rênes,
Et dans d'autres leçons il révèle
où doivent être vos coudes et vos talons.
Vous lisez, pratiquez puis décidez,
Si vous avez vraiment appris à monter.
Un cow-boy se moque bien
De comment vous montez,
et où vous mettez vos mains et vos pieds
Le principal, c'est de rester dessus.
Vous apprendrez plus d'un cheval qui rue
Que dans toutes les écoles où vous irez 
Vous et lui, bientôt vous saurez,
Ce qui se cache sous la peau de l'autre.

-- Tom Dorrance



Traduction libre du poème suivant:


They say in riding schools
They have a regular book of rules.
The man that wrote the book explains
The way to sit and hold your reins,
And other lessons facts reveal
About your elbows and your heels.
You read and practice then decide,
If you have really learned to ride.
A cow man doesn’t give a care
How you ride just so you’re there
Nor how you hold your hands and feet
The main thing is to hold your seat.
You can learn more from a buckin’ hoss
Than any school you’ll come across.
For you and him can soon decide
What’s underneath each other’s hide.

-- Tom Dorrance

jeudi 9 juin 2016

Il tire au renard

Le cheval attaché qui se sent confiné puis effrayé va tirer. Quand la longe se tend, il ressent un choc et cela accuse sa panique, et il va tirer de plus belle.
A ce moment, l'attache de la longe sur le licol va casser, ou peut-être l'anneau ou la ficelle sur laquelle la longe est attachée : soudain, le cheval est libéré et la douleur infligée par la tension de la longe cesse.

Le cheval apprend alors une chose : tirer était la bonne solution, car cela lui a permis de sortir d'une solution douloureuse. Il y a donc toutes les chances que la prochaine fois qu'il a peur à l'attache, il tire pour se libérer.
Au bout d'un moment, le cheval comprend qu'il peut se libérer en tirant et le fera, même s'il n'est pas effrayé.

Pour éviter tout ceci, il est important d'apprendre au cheval à céder à la pression au licol, en le menant au licol ou par des exercices au sol. Cependant, quand la mauvaise habitude est prise, les cavaliers recherchent une solution.



Pour rééduquer le cheval, une méthode est d'attacher le cheval assez sûrement pour qu'il ne puisse pas s'échapper, afin qu'il comprenne avec le temps que tout effort pour se libérer est vain.

Le risque est que le cheval se blesse dans le processus. On propose donc des systèmes d'attache visant à éviter ceci.

Un premier système consiste à avoir un élastique sur la longe. Il existe des longes spéciales ou il est possible d'utiliser une vieille chambre à air de vélo. Ce système peut parfois être dangereux, car un cheval peut tirer très fortement sans se décourager, étendre fortement l'élastique, puis soudain lâcher prise et sa tête peut alors revenir taper sur le mur. Si malgré tout vous choisissez cette méthode, attachez la longe assez haut pour éviter que le cheval s'arrondisse et tire en s'appuyant sur ses pattes, dans la position où il aura le plus de force.

Un second système consiste à prendre un demi-sac de jute, à le rouler dans le sens de la longueur, plus à le positionner comme une sorte de foulard autour de son encolure. On attache les extrémités du sac et attache la longe dessus en faisant passer la longe par l'anneau du licol. Dès que le cheval va tirer, la pression va se distribuer autour du cou du cheval et éviter au cheval une blessure majeure. Néanmoins, le processus peut être assez dur pour le cheval, et il existe une autre technique plus douce.

Prenez une corde de 10 mètres, et nouez-la directement à un licol en corde. Trouvez une barrière avec un poteau cylindrique bien solide. Attachez votre cheval en enroulant la corde 3 ou 4 fois autour du poteau, au-dessus de la barrière. Puis prenez l'extrémité de la corde et allez-vous vous asseoir tranquillement pour attendre que le cheval tire au renard.

Dès que le cheval se met à tirer, la corde va se mettre à défiler autour du poteau. Plus vous aurez fait de tour autour du poteau, plus la résistance sera grande ; vous pouvez donc faire plus de tour avec un cheval puissant. Comme vous tenez la corde, vous pouvez contrôler son défilement, mais c'est surtout le poteau qui doit faire le travail.

Quand il va se mettre à tirer, le cheval va se fatiguer rapidement et arrêter de tirer au bout de quelques mètres, mais sans arriver à se libérer. Alors qu'il tire, il aura aussi le temps de recouvrir son calme s'il était effrayé. A aucun moment le cheval ne ressentira une douleur, puisqu'il va tirer sans être bloqué, et donc sans qu'une pression majeure puisse s'exercer sur lui.

Une fois qu'il aura stoppé, caressez-le, puis ramenez-le à sa place en remettant la corde à son emplacement initial sur le poteau.

Le cheval ne sera pas rééduqué en une seule fois. Attendez qu'il tire à nouveau et alors, agissez comme précédemment. Au bout de quelques fois, si vous sentez un progrès, félicitez votre cheval et arrêtez pour la journée. Il sera temps de continuer le lendemain.

Peu à peu le cheval va comprendre que tirer lui demande de travailler sans lui apporter aucun bénéfice. Il va aussi apprendre à gérer sa peur à l'attache.



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vendredi 3 juin 2016

L'attirance

Un cheval peut parfois être irrésistiblement attiré par quelque chose. Parfois ce sera un copain, du fait de son instinct grégaire, mais cela peut aussi être l'entrée de la carrière, de l'herbe, une jument pour un étalon... ce ne sont pas les "points d'attraction" qui manquent pour un cheval!

Quelle que soit la cause de cette attirance, le cheval veut aller d'un côté, et vous de l'autre. Vous essayez d'utiliser la rêne pour le maintenir sur la trajectoire voulue, mais lui, malgré cela, souhaite tout de même aller vers le point d'attraction :  vous avez perdu son attention. Il se tord, s'échappe de l'épaule. Il peut même réussir à aller vers où il veut alors que son encolure est ployée vers le côté opposé.



Pour que le cheval soit de nouveau avec vous, il ne faut pas essayer de le forcer à le maintenir sur la trajectoire que vous souhaitez.

Tout au contraire, laissez-lui faire l'erreur et partir vers le point d'attraction. Quand c'est le cas, s'il part par exemple vers la gauche, prenez la rêne droite assez largement sur le côté droit, et quand il n'y a plus de mou dans la rêne, tirez vers le côté droit et simultanément, utilisez votre jambe droite en retrait, de manière à ce que le cheval chasse les postérieures vers la gauche. Dès que c'est le cas, relâchez la rêne.

Mécaniquement, le cheval devra se diriger vers la droite une fois que ses postérieures auront été chassées vers la gauche. Il se dirigera, au moins grossièrement, dans la direction que vous souhaitez. Que la direction ne soit pas exactement la bonne, ce n'est pas grave, et possiblement, il est souhaitable qu'il tourne un peu plus que nécessaire. En tout cas, offrez-lui à ce moment du confort en relâchant les rênes.

Très certainement, il va essayer de rechanger de direction pour revenir vers le point d'attraction. Une fois de plus, laissez-lui commettre encore l'erreur et utilisez une fois de plus une rêne directe en utilisant la jambe comme déjà indiqué, pour toujours relâcher la rêne dès qu'il aura chassé les postérieures.

Vous allez certainement devoir répéter cette manœuvre de nombreuses fois, ça chaque fois qu'il prendra une mauvaise décision. Armez-vous de patience et de calme, et au bout d'un moment il réalisera par lui-même qu'aller où vous souhaitez est pour lui synonyme de confort, alors qu'aller vers le point d'attraction sera pour lui synonyme de travail. Il prendra alors la décision qui s'impose puisqu'elle est dans son intérêt : il décidera de suivre la direction que vous souhaitez.

Votre idée est alors devenue la sienne.


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