mardi 16 janvier 2018

Communication silencieuse

La communication silencieuse des chevaux

Les êtres humains communiquent entre eux par la parole. Du moins, c'est ce que nous croyons, car, sans que l'on y prête toujours attention, la communication non verbale est toujours présente. Si nous rencontrons quelqu'un, nous serons sensibles à la posture de son corps, à sa démarche, aux gestes de ses mains, à l'expression de son visage... et nous allons adapter notre comportement et notre discours en fonction, souvent inconsciemment.

Pour le cheval, qui n'est pas doué de la parole, la communication repose peu sur les sons. Il est vrai que le cheval peut hennir, couiner, ronfler, s'ébrouer... et c'est ce mode de communication qui sera le plus visible pour nous, car nous communiquons aussi avec les sons.

Cependant, le cheval communique davantage silencieusement, et c'est justement ce mode de communication que nous remarquons le moins, alors qu'il est le plus important.


Observer pour apprendre

Pour comprendre leur langage, rien de tel que l'observation d'un groupe de chevaux. On pourra alors voir qu'entre les chevaux, la communication est fréquente.

Chacun sait que la position des oreilles est importante et chaque cavalier comprend vite ce que veut dire un cheval quand il couche ses oreilles en arrière. Des signes de ce type sont très nombreux.

Sur sa tête, on peut aussi observer les yeux : leur forme est importante, selon que l’œil est en amande, signe de détente, ou rond, signe de tension. Le fait de cligner les yeux est aussi un message.

La bouche est aussi importante, car elle peut être détendue ou crispée. Elle peut mâchouiller ou laisser sortir la langue. Elle peut s'ouvrir et se fermer rythmiquement («snapping»).

On pourra aussi observer les muscles du visage et comment ils se tendent sous la peau. Les naseaux peuvent aussi changer de forme, et s'arrondir sous la tension.

La tête et l'encolure peuvent être fixes ou bouger ou être secouées. La tête peut être en l'air, à l'horizontale ou vers le bas. L'encolure peut s'arquer, se tendre vers le bas, se relâcher... Le cheval peut tourner la tête d'un côté, ou même tourner toute l'encolure.




La queue peut être relâchée, dressée ou rabattue entre les postérieurs.

Le corps peut se positionner relativement à un autre cheval à différentes distances et de différentes manières : frontalement, latéralement, ou il peut présenter ses postérieurs. Il peut s'approcher d'un autre cheval directement, par un arc de cercle, en allant sur l'avant, sur le côté ou sur l'arrière de l'autre cheval.

Un cheval peut taper des antérieurs, se cabrer, ruer, se rouler... Il peut mordre dans les airs, bailler...

Il peut manger, déféquer ou uriner. Il peut se gratter, par exemple en frottant la tête sur un antérieur ou en se mordant les flancs. Il peut aussi gratter un congénère, le mordiller, le pousser du museau, le renifler. L'odorat et le toucher sont aussi des sens importants pour la communication.

Il peut désigner un objet ou une direction avec son museau.

On peut penser que certains de ces gestes ne sont pas de la communication, et c'est exact que ce n'est pas toujours le cas. Un cheval peut cligner les yeux, déféquer ou secouer la tête sans qu'il s'agisse de communication, mais dans certains cas, c'est aussi un mode de communication.

Ce qui permet d'interpréter la communication c'est de reconnaître un ensemble de signes qui prennent un sens ensemble, dans un contexte. Les signes peuvent être donnés simultanément ou se succéder. Avec le temps, on perçoit ces ensembles globalement.

Par exemple, un cheval qui va aborder un cheval inconnu peut commencer par montrer des signes visant à apaiser de possibles tensions. Il peut cligner des yeux, détourner la tête, mastiquer, etc.  C'est un peu comme nous-mêmes quand nous rencontrons quelqu'un : on va sourire brièvement, détourner le regard pour ensuite regarder la personne... ceci même avant de dire «bonjour».

Si la tension se renforce et que le cheval n'est pas à l'aise, le cheval peut commencer à se donner une contenance en se grattant, en reniflant quelque chose, en mangeant ou en faisant semblant de manger de l'herbe.

Si la tension monte encore d'un cran, le cheval peut par exemple montrer des signes de peur : yeux arrondis qui laissent montrer le blanc, bouche fermée et crispée, oreilles tendues, narines arrondies. L'encolure est tendue et la tête est en position haute. La queue est en l'air ou rabattue entre les postérieurs. Si ce n'est pas la peur mais l'agression qui l'anime, il peut taper des antérieurs, mordre l'air, se tourner et ruer en direction de l'autre cheval. La peur et l'agression sont parfois liées, car un cheval qui a peur va souvent chercher à retrouver du confort en utilisant des signes agressifs pour que l'autre cheval s'éloigne.

Si la tension devait monter encore, le cheval pourrait alors avoir une réaction de fuite ou s'il ne peut pas fuir, il aura probablement un comportement d'agression.

Ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres pour illustrer le langage du corps des chevaux.
 



Communiquer avec d'autres espèces

Ce langage, le cheval va aussi l'utiliser avec les autres êtres vivants: les vaches, les moutons, les chiens... Si le cheval est précieux dans le travail du bétail, c'est que c'est un expert pour le comprendre et anticiper ses réactions.

Ce langage, le cheval va aussi l'utiliser avec nous.

Si un cheval peut facilement «lire» un être humain et comprendre son état d'esprit et son état émotionnel, c'est grâce à sa faculté de communication non verbale. Nous-même, nous n'avons pas la même faculté innée de compréhension de ce langage.

Si nous ne pouvons pas remarquer ou interpréter les signes que les chevaux nous envoient, alors deux choses vont se produire.

La première est que comme on ne le comprend pas, le cheval ne fera pas d'effort pour communiquer avec nous, puisque c'est inutile. La seconde est que le cheval peut avoir des comportements excessifs et même dangereux qui auraient été évitables si on avait compris les signes qu'il avait envoyés au préalable pour les prendre en compte avant que la tension ne monte trop.

Ce cheval désigne le bac à grains
Il s'assure de la compréhension
Attente de la «livraison»














Si nous voulons mieux comprendre le cheval, nous pouvons essayer d'apprendre à porter plus attention aux différents signes qu'il émet. Il suffit d'observer et nous pouvons progressivement développer nos capacités à comprendre ce langage.

Plus notre compréhension s'affine, plus nous allons ressentir ce que ressent le cheval et adapter notre comportement en conséquence. Même si notre compréhension est imparfaite, le cheval va alors reconnaître notre capacité à mieux le comprendre et ceci va l'inciter à davantage essayer de communiquer avec nous.

Ainsi nous allons augmenter notre empathie pour le cheval : notre capacité à ressentir ce qu'il ressent et pourquoi. C'est ce qui peut nous permettre d'anticiper les réactions du cheval et de l'aider mieux et plus tôt.

Communiquer en retour

Une fois que nous comprenons mieux ce langage du corps, nous sommes alors en mesure de pouvoir l'utiliser nous-même pour mieux être compris du cheval. Ceci demande de l'expérimentation et du temps. C'est sans doute dans le travail en liberté que cette expérimentation peut le mieux se faire, mais c'est aussi parfois simplement en allant chercher votre cheval au pré.

Le cheval est un animal social. Communiquer est pour lui naturel et important. Le cheval nous comprend souvent mieux que nous ne le comprenons. La véritable communication doit fonctionner dans les deux sens et c'est pour ceci que nous devons développer nos facultés de communication non verbale. La communication engendre la communication et nos efforts en la matière seront récompensés.

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 S

2 commentaires:

  1. Un très bel article qui rejoint ce que j'écrivais ce matin. Je le partage si tu le permets.
    Je te souhaite une très belle journée

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